Les investisseurs nippons ont eu une désagréable surprise ce jeudi matin en découvrant l’ampleur du décrochage des indices boursiers. L’indice vedette Nikkei 225 lâchait ainsi 3,37% à 37.785,18 points vers 01h40 GMT tandis que l’indice élargi Topix perdait 3,81% à 2.687,92 points. Cette dégringolade généralisée trouve sa source dans un élément précis : le rebond inattendu du yen face au dollar.
Le yen rebondit, les exportateurs tremblent
La devise nippone a en effet fortement progressé suite à la décision de la Banque du Japon (BoJ) de relever son taux directeur à 0,25%, un plus haut depuis 2008. Cette inflexion de la politique monétaire ultra-accommodante en place depuis des années a pris de court les cambistes. Le dollar est ainsi tombé sous les 149 yens, une première depuis mars.
Si cette appréciation peut réjouir les ménages japonais, dont le pouvoir d’achat augmentera mécaniquement pour les produits importés, il n’en va pas de même pour les entreprises exportatrices. Ces dernières voient la compétitivité de leurs produits se dégrader sur les marchés étrangers, menaçant leurs profits. Des géants comme Toyota (-6,9%) ou Sony sont particulièrement exposés.
Les semi-conducteurs en souffrance
Le secteur des semi-conducteurs, crucial pour l’économie nippone, est lui aussi lourdement impacté. Ainsi, le mastodonte SoftBank Group, très investi dans les technologies, a vu son titre chuter de 6,5%. Sa filiale Arm, spécialiste des microprocesseurs, a maintenu ses prévisions annuelles mais cela n’a pas suffi à rassurer des investisseurs inquiets des perspectives du secteur.
La Fed temporise, les yeux rivés sur l’inflation
Du côté des États-Unis, le président de la Réserve Fédérale Jerome Powell a laissé entrevoir la possibilité d’une baisse des taux dès septembre si les conditions le permettaient. Mais il a aussi rappelé que la vigilance restait de mise face à une inflation toujours élevée. Un statu quo qui n’a pas vraiment rassuré les places financières.
L’impact de la remontée du yen sur les performances des exportateurs suscite des inquiétudes, car les grandes entreprises sont sur le point d’annoncer leurs résultats.
– Ryotaro Sawada, analyste chez Tokai Tokyo Intelligence Lab
La Chine sans direction
De l’autre côté de la mer de Chine, les principales places boursières ne montraient pas de tendance claire ce matin. Hong Kong reculait légèrement de 0,23% tandis que Shanghai progressait de 0,12% et Shenzhen cédait 0,12%. Les opérateurs chinois semblent dans l’expectative, guettant de nouveaux catalyseurs.
Cette déprime des marchés asiatiques confirme un contexte économique et financier particulièrement volatile et incertain à l’échelle mondiale. Les banques centrales tentent de normaliser leur politique monétaire mais doivent composer avec une croissance fragile et des tensions géopolitiques. Dans ce climat anxiogène, la nervosité des investisseurs n’est pas près de se dissiper.
