Sur les marchés financiers, un vent d’optimisme souffle de l’autre côté de l’Atlantique. Wall Street enchaîne les records, portée par les espoirs de baisse des taux de la Fed et une conjoncture moins morose qu’anticipé. Mais de ce côté-ci de l’océan, l’atmosphère est plus lourde. La Bourse de Paris peine à suivre la cadence, évoluant sans direction claire lors des premiers échanges de mercredi.
Malgré le tonus affiché par les indices phares américains comme le Dow Jones ou le Nasdaq, qui ont atteint de nouveaux sommets mardi, le CAC 40 parisien tourne autour de l’équilibre. Que cache ce découplage entre les places boursières ? Pourquoi l’Europe ne parvient-elle pas à surfer sur la vague positive venue des États-Unis ?
Une conjoncture économique contrastée
Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce décalage. En premier lieu, le contexte macro-économique n’est pas le même des deux côtés de l’Atlantique. Si les États-Unis semblent avoir retrouvé un certain allant, avec des indicateurs meilleurs qu’escompté ces derniers jours, la zone euro reste empêtrée dans une conjoncture plus incertaine.
Les investisseurs attendent avec une certaine fébrilité les chiffres définitifs de l’inflation en juin dans la zone euro, qui doivent être dévoilés en fin de matinée. Le mois dernier, la hausse des prix avait atteint 2% sur un an, touchant pour la première fois depuis près de 3 ans la cible de la Banque centrale européenne (BCE). Les économistes tablent sur un léger ralentissement en juin, à 1,9%.
Outre-Manche, l’inflation britannique s’est maintenue à 2% en juin, un niveau un peu plus élevé qu’anticipé par le marché. De quoi conforter la Banque d’Angleterre (BoE) dans sa politique monétaire prudente.
La BCE sous surveillance
Ces données économiques sont scrutées de près alors que se profile, ce jeudi, la réunion de politique monétaire de la BCE. Si aucun changement de cap n’est attendu, les investisseurs seront attentifs au discours de l’institution sur les perspectives économiques et l’évolution des prix.
Contrairement à la Fed qui ouvre la porte à un assouplissement monétaire, la BCE devrait réitérer sa volonté de maintenir des taux d’intérêt bas pour soutenir l’économie. Cette divergence de politique monétaire pèse sur les indices boursiers européens.
Des incertitudes politiques
Au-delà des considérations monétaires, le climat politique en Europe semble aussi affecter le moral des investisseurs. L’absence d’un gouvernement stable en France et les interrogations sur la trajectoire budgétaire et réformiste du pays créent un certain attentisme.
En zone euro, la situation politique semble bien avoir contribué à affecter négativement le sentiment des agents économiques.
analystes de LBPAM
À l’inverse, l’hypothèse d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, jugée plus probable depuis sa récente tentative d’assassinat déjouée, est perçue positivement par les marchés financiers. Sa volonté affichée de baisser massivement l’impôt sur les sociétés joue en faveur de Wall Street.
Quel horizon pour les Bourses européennes ?
Dans ce contexte de divergence entre places européennes et américaines, quel scénario envisager pour les prochaines séances ? Si les vents restent porteurs Outre-Atlantique, l’Europe va devoir composer avec ses propres défis.
La capacité de la zone euro à engranger une croissance économique solide au second semestre sera déterminante. Un marché de l’emploi résilient et une consommation en rebond pourraient créer un cercle vertueux. Mais le chemin est encore semé d’embûches, entre guerre commerciale, Brexit ou instabilité politique.
La Bourse de Paris devra aussi digérer une salve de résultats d’entreprises dans les prochains jours, qui donneront une image plus précise de la santé de l’économie tricolore. Les géants du luxe, très sensibles à la conjoncture mondiale, seront particulièrement suivis.
Dans ce contexte, miser sur une convergence rapide entre indices boursiers des deux rives de l’Atlantique semble hasardeux. Mais sur le long terme, les fondamentaux de la zone euro restent solides. Aux investisseurs de garder le cap, sans céder aux vents contraires de court terme.