L’ancien président bolivien Evo Morales se retrouve à nouveau dans la tourmente. Un mandat d’arrêt a été émis à son encontre lundi pour « traite d’être humain à l’égard d’une mineure ». Le leader aymara est accusé d’avoir entretenu une relation avec une adolescente de 15 ans et d’avoir eu un enfant avec elle en 2016, alors qu’il était encore au pouvoir.
Selon le ministère public, les parents de la jeune fille l’auraient enrôlée dans la « garde de jeunes » de Morales « dans le seul but de gravir les échelons politiques et d’obtenir des avantages en échange de leur fille mineure ». Une accusation grave qui vient s’ajouter à celles déjà portées contre l’ancien chef d’État en 2020 pour « détournement de mineur ».
Un deuxième mandat d’arrêt pour la même affaire
Il ne s’agit pas du premier mandat d’arrêt visant Evo Morales dans cette affaire. En septembre dernier, la procureure Sandra Gutierrez avait déjà ordonné son arrestation avant que la défense ne parvienne à faire annuler la décision via un recours en justice. Cette fois, la magistrate semble déterminée à aller jusqu’au bout.
Une « lawfare » pour éliminer Morales de la course présidentielle ?
Du côté de l’ancien président, on crie au complot politique. En pleine lutte pour la candidature de la gauche aux élections de 2025, Morales affirme être victime d’une « lawfare », une persécution judiciaire orchestrée par le gouvernement de Luis Arce, son ancien allié, pour l’écarter de la course.
Il s’agit d’une persécution politique pour m’empêcher de me présenter aux prochaines élections.
Evo Morales
Le parquet se concentre sur l’accusation de traite d’êtres humains
Malgré les dénégations répétées d’Evo Morales, le parquet maintient le cap. Après s’être initialement concentré sur l’infraction de « détournement de mineur », il met désormais l’accent sur le délit plus grave de « traite d’êtres humains aggravée ». Une qualification qui pourrait valoir de lourdes peines à l’ex-président s’il venait à être reconnu coupable.
Une affaire complexe impliquant un ancien chef d’État
La procureure Sandra Gutierrez a justifié le délai dans la communication autour de cette affaire par sa grande complexité, impliquant un ancien chef de l’exécutif. L’enquête se poursuit donc dans la plus grande discrétion, loin des déclarations fracassantes de part et d’autre.
Que les accusations soient fondées ou non, ce nouveau rebondissement risque en tout cas de compliquer sérieusement les ambitions politiques d’Evo Morales. Déjà poussé à la démission en 2019 après des soupçons de fraudes électorales, l’ancien leader des producteurs de coca voit de nouveau son avenir s’assombrir. Beaucoup se demandent s’il parviendra à surmonter ce scandale pour revenir sur le devant de la scène.
À suivre donc, dans ce feuilleton politico-judiciaire qui tient en haleine toute la Bolivie et bien au-delà. L’ancien président parviendra-t-il à prouver son innocence et à retrouver son influence passée ? Ou ses adversaires réussiront-ils à l’écarter définitivement du jeu politique national ? Les prochains mois seront décisifs.