Alors que la France traverse une période d’incertitude politique et économique, la Banque Centrale Européenne (BCE) surveille de près l’évolution de la situation. Le niveau élevé de la dette publique française, qui dépasse les 3 000 milliards d’euros, fait craindre un risque de crise majeure en cas de défiance des marchés financiers. Un scénario qui pourrait déstabiliser toute la zone euro.
La France, un géant aux pieds d’argile ?
Avec un endettement représentant près de 120% de son PIB, la France fait partie des pays les plus endettés de la zone euro. Si cette situation n’est pas nouvelle, elle devient plus préoccupante dans le contexte actuel :
- La croissance économique française reste fragile et inférieure à la moyenne européenne
- Les tensions politiques et sociales s’accumulent, comme l’illustre la dissolution de l’Assemblée nationale
- Les taux d’intérêt remontent, renchérissant le coût de la dette
Résultat, les investisseurs commencent à douter de la capacité de la France à rembourser ses créanciers. Le taux des obligations souveraines françaises a bondi de 0,3 point en quelques jours, creusant l’écart (le “spread”) avec le taux allemand.
Un risque systémique pour la zone euro
Si la France venait à connaître une crise de la dette, c’est toute la zone euro qui vacillerait. Deuxième économie de l’Union européenne, la France est aussi l’un des pays fondateurs de la monnaie unique. Sa dette est détenue par de nombreuses banques et institutions financières européennes.
Une crise de la dette française aurait des répercussions bien plus graves qu’en Grèce en 2009. Aucun plan de sauvetage ne serait suffisant.
Un économiste de la BCE
Quel rôle pour la BCE ?
Face à ce risque, la BCE suit la situation de près mais sa marge de manœuvre est limitée :
- Avec son programme de rachats d’actifs, elle détient déjà près de 25% de la dette française
- Son mandat lui impose de lutter contre l’inflation, l’empêchant de baisser ses taux directeurs
- Un sauvetage de la France serait difficilement justifiable politiquement
Pour autant, la BCE ne peut laisser un pays “too big to fail” comme la France sombrer. En cas de crise aigüe, elle serait contrainte d’intervenir, quitte à repousser les limites de son mandat. Mais elle exigerait en contrepartie des réformes structurelles drastiques.
Réduire la dette, une urgence absolue
Pour écarter le spectre d’une crise, la priorité est de rassurer les marchés sur la soutenabilité de la dette française. Cela passe par des signaux politiques forts (réformes des retraites et de l’État) et un rééquilibrage crédible des comptes publics. Sans quoi, la défiance pourrait s’auto-entretenir et précipiter le pays, et l’Europe avec lui, dans la tourmente.