C’est un véritable séisme qui vient de secouer le monde de la finance. Mardi 17 décembre, les opérateurs de marché de la Banque centrale européenne (BCE) ont procédé pour la dernière fois à une opération de rachat d’obligations souveraines dans le cadre du programme d’achats d’urgence pandémique (PEPP). Une décision qui sonne comme un coup de tonnerre alors que l’État français emprunte comme jamais.
La fin d’une ère pour les emprunts d’État
Lancé en 2020 pour soutenir l’économie européenne face à la crise du Covid-19, le PEPP a permis à la BCE d’acquérir massivement des titres financiers, en particulier des obligations souveraines. L’objectif : éviter une flambée des taux d’intérêt et une dislocation de la zone euro. Mais cette ère semble désormais révolue.
Selon une source proche du dossier, les investisseurs privés devront absorber environ 60 milliards d’euros de dette française supplémentaire en 2025. Un défi colossal alors que les besoins de financement de l’État atteignent des sommets.
Les marchés obligataires sous pression
Le retrait de la BCE risque de mettre les marchés obligataires sous haute tension. Sans le filet de sécurité de la banque centrale, les investisseurs pourraient exiger des primes de risque plus élevées pour détenir de la dette française. Résultat : une hausse des taux d’intérêt qui renchérirait le coût de financement de l’État.
« Chacun doit faire son boulot. La BCE doit veiller sur l’inflation et les États endettés remettre en ordre leurs finances publiques. »
– Christine Lagarde, présidente de la BCE
Une équation budgétaire complexe pour la France
Cette nouvelle donne place le gouvernement français face à une équation budgétaire particulièrement complexe. Avec une dette publique qui frôle les 3 000 milliards d’euros, soit près de 120% du PIB, la France va devoir trouver de nouveaux moyens pour financer ses dépenses.
- Plusieurs options sont sur la table :
- Hausse des impôts et des taxes
- Réduction des dépenses publiques
- Réformes structurelles pour doper la croissance
Mais aucune de ces pistes ne sera facile à mettre en œuvre, tant sur le plan économique que politique. Le gouvernement va devoir faire preuve d’inventivité et de pédagogie pour convaincre les Français de la nécessité de ces efforts.
Un nouveau paradigme pour l’Europe
Plus largement, c’est tout le modèle européen de financement des États qui est remis en question. Avec la fin des rachats de dette par la BCE, les pays de la zone euro vont devoir apprendre à vivre avec des taux d’intérêt plus élevés et des conditions de marché plus exigeantes.
Un défi de taille qui va nécessiter une coordination renforcée des politiques économiques et budgétaires au sein de l’Union européenne. Sans quoi, c’est la stabilité même de la monnaie unique qui pourrait être menacée à terme.
Vers une normalisation de la politique monétaire ?
Pour certains économistes, la fin du PEPP marque le début d’un processus de normalisation de la politique monétaire européenne. Après des années de soutien exceptionnel à l’économie, la BCE chercherait à retrouver des marges de manœuvre en vue de futurs chocs.
Mais ce pari est loin d’être gagné. Avec une inflation qui reste faible et une croissance toujours fragile, la banque centrale pourrait être contrainte de maintenir longtemps encore une politique accommodante. Quitte à laisser gonfler un peu plus la dette publique des États.
L’avenir dira si la BCE a fait le bon choix
En stoppant ses achats d’obligations souveraines, la BCE prend en tout cas un pari risqué. Celui d’exposer un peu plus les États européens aux aléas des marchés financiers, au moment même où ils sont fragilisés par la crise.
L’avenir dira si cette stratégie était la bonne. Mais une chose est sûre : pour la France et les autres pays de la zone euro, le chemin vers la maîtrise de la dette publique s’annonce long et semé d’embûches. Un défi historique qui va nécessiter courage politique et sens des responsabilités. Le tout sur fond d’incertitudes économiques et de tensions sociales. Pas simple, assurément…