Une nouvelle qui n’est pas passée inaperçue dans les milieux économiques et financiers. Ce jeudi, la Banque Centrale Européenne a annoncé une baisse de 0,25 point de son principal taux directeur, le faisant passer à 3,25%. Une décision motivée par le ralentissement de l’inflation en zone euro, tombée à son plus bas niveau depuis 3 ans en septembre dernier.
Un signal fort envoyé aux marchés
En abaissant son taux directeur pour la deuxième fois consécutive, après une première baisse en juin, la BCE envoie un message clair. Face à une croissance économique jugée préoccupante dans la zone euro, l’institution monétaire souhaite soutenir l’activité en assouplissant les conditions de crédit.
Cette décision était anticipée par une majorité d’investisseurs et d’analystes. D’après une source proche de la BCE, le consensus s’est formé lors de la réunion de ce jeudi à Ljubljana, en Slovénie, sur l’opportunité d’une baisse modérée des taux, plutôt qu’un statu quo.
L’inflation en zone euro sous contrôle
Pour justifier cette orientation plus accommodante de sa politique monétaire, la BCE se base sur les derniers chiffres de l’inflation. En septembre, la hausse des prix à la consommation a ralenti plus que prévu, à 1,7% sur un an, contre 1,8% estimé initialement par Eurostat.
Le processus de désinflation est en bonne voie, nourri par une économie atone.
– Communiqué de la BCE
L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix volatiles de l’énergie et de l’alimentation, est également orientée à la baisse, à 2,7% en glissement annuel. De quoi conforter les banquiers centraux dans leur choix.
Soutenir la croissance et l’investissement
En réduisant le coût du crédit immobilier et des autres emprunts, la BCE espère donner un coup de pouce à la consommation des ménages et aux investissements des entreprises. Des moteurs essentiels de la croissance économique.
Cette mesure intervient alors que les signaux négatifs se multiplient pour l’économie européenne :
- L’Allemagne, première économie de la zone euro, s’attend à une nouvelle récession en 2024 (-0,2% de croissance prévue)
- L’activité du secteur privé s’est contractée en septembre pour la première fois depuis 7 mois
- Le moral des ménages et la confiance des entreprises restent dégradés
Dans ce contexte morose, la BCE se devait d’agir pour éviter un enlisement durable de l’économie européenne. Même si cette baisse de taux ne sera probablement pas la dernière. La plupart des économistes prévoient de nouveaux assouplissements dans les mois à venir.
Quels risques pour la suite ?
Si la politique monétaire accommodante de la BCE peut contribuer à relancer l’économie à court terme, elle comporte aussi certains risques. Le principal étant de voir l’inflation repartir à la hausse si la demande venait à s’emballer.
La pérennité de la baisse de l’inflation en zone euro est très incertaine.
– Éric Dor, Directeur des études économiques à l’IESEG
De nouveaux chocs externes, géopolitiques ou énergétiques, pourraient rapidement faire remonter les prix. La BCE doit donc rester vigilante et prête à resserrer les conditions monétaires si nécessaire.
Les effets pervers d’une politique de taux d’intérêt bas sur le long terme, comme la mauvaise allocation des ressources ou la formation de bulles spéculatives, sont également à surveiller. Un équilibre délicat à trouver pour la banque centrale.
Quel impact pour votre épargne et vos crédits ?
Si vous avez un projet immobilier en cours ou à venir, cette baisse des taux directeurs de la BCE est plutôt une bonne nouvelle. Les taux des crédits immobiliers devraient mécaniquement baisser dans les prochaines semaines, vous permettant d’emprunter à moindre coût.
En revanche, si vous êtes épargnant, cette décision n’est pas à votre avantage. La rémunération de votre épargne, déjà faible, devrait encore s’éroder dans ce contexte de taux bas. Il peut être judicieux de se tourner vers des placements plus dynamiques, en fonction de votre profil.
Quoi qu’il en soit, la décision de la BCE marque un tournant dans sa politique monétaire. Après des années de soutien massif à l’économie pendant la crise du Covid, l’institution amorce un retour à la normale très progressif. Preuve que la situation reste fragile et incertaine en zone euro. Une tendance à surveiller de près dans les prochains mois.