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La Banque Centrale Russe Lutte Contre l’Inflation Chronique

La Banque centrale russe se bat contre une inflation à 8,5%. Sa directrice Elvira Nabioullina prend des mesures drastiques, malgré les critiques. Mais l'économie du pays semble prise dans une spirale inflationniste préoccupante...

Alors que l’inflation en Russie atteint des sommets inquiétants, oscillant autour des 8-9% depuis plusieurs mois, la Banque centrale du pays (BCR) multiplie les efforts pour endiguer cette spirale inflationniste qui grignote le pouvoir d’achat des Russes. Elvira Nabioullina, directrice de la BCR, a martelé mardi sa détermination à éviter que cette inflation élevée ne s’enracine durablement, devenant « chronique ».

Un taux directeur à son plus haut depuis 2003

Pour tenter de contenir cette flambée des prix, la BCR avait déjà pris une mesure forte fin octobre en relevant son taux directeur de 19 à 21%, un niveau inédit depuis 2003. Une décision qui n’a pas manqué de susciter l’inquiétude de nombreux entrepreneurs russes, redoutant de voir le coût des emprunts s’alourdir davantage.

Mais face aux députés mardi, Mme Nabioullina a réaffirmé la nécessité de ce tour de vis monétaire : « Notre politique vise à freiner la hausse des prix. Sans cela, une croissance économique durable est impossible« , a-t-elle insisté. Selon elle, l’inflation frappe de plein fouet les plus vulnérables : « Ce sont les pauvres qui sont les plus durement touchés, ceux dont les revenus n’augmentent pas, ou pas aussi vite que dans les statistiques générales.« 

Stabilité économique plutôt que croissance à tout prix

La patronne de la BCR s’est dite « obligée » d’agir fermement pour empêcher que l’inflation ne devienne un mal persistant. Une position assumée qui privilégie « la stabilité économique » plutôt qu’« une croissance économique plus forte » sans considération des déséquilibres.

Mais cette politique restrictive ne fait pas l’unanimité. Mme Nabioullina a déploré « ne voir aucun ralentissement » du volume de crédits octroyés aux entreprises, un facteur qui alimente selon elle la spirale inflationniste.

Des salaires en hausse sur fond de pénurie de main-d’œuvre

Le pouvoir d’achat des Russes est également grignoté par la hausse des salaires, conséquence directe des tensions sur le marché de l’emploi. Avec un chômage au plus bas (2,4%), symptôme de pénuries de main-d’œuvre, les entreprises n’ont d’autre choix que de proposer des rémunérations attractives pour recruter.

Des pénuries largement imputables au départ sur le front ukrainien ou à l’étranger de centaines de milliers d’hommes depuis le début du conflit en février 2022. Elvira Nabioullina a d’ailleurs souligné que près de trois quarts (73%) des entreprises russes pâtissaient actuellement de ce manque de bras.

Le spectre d’une stagflation à moyen terme

Si la croissance a ralenti à 3,1% au troisième trimestre selon Rosstat, de nombreux experts redoutent l’apparition à moyen terme d’un cycle de stagflation, combinant forte inflation et croissance anémique. Un scénario que Mme Nabioullina a cependant écarté pour l’instant, assurant que « ce risque n’existe pas » à ce stade.

Mais la partie est loin d’être gagnée pour la Banque centrale russe. Prise en étau entre une inflation galopante qui érode le niveau de vie des ménages et un ralentissement économique qui se profile, elle doit naviguer en eaux troubles. Avec en toile de fond, l’impact de la guerre en Ukraine qui vient compliquer l’équation. Une lutte ardue contre un ennemi coriace, l’inflation chronique, dont l’issue reste incertaine.

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