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La Banlieue Sud de Beyrouth Dévastée par les Frappes Israéliennes

Au cœur de la banlieue sud de Beyrouth, les frappes israéliennes ont tout détruit. Parmi les ruines, les portraits des martyrs du Hezbollah flottent, gardés par des militants armés. La vie est comme suspendue dans ce théâtre de guerre. Découvrez le quotidien des derniers habitants...

Dans la banlieue sud de Beyrouth, un paysage de dévastation s’offre aux yeux des rares passants qui s’aventurent encore dans ces rues. Visée par une nouvelle vague de frappes israéliennes d’une intensité inouïe, cette zone qui grouillait de vie il y a quelques semaines est méconnaissable. Au milieu des ruines fumantes des immeubles effondrés, les portraits des “martyrs” du Hezbollah flottent, tels des étendards de la résistance, gardés par des militants de la formation chiite, parfois lourdement armés.

A seulement quelques minutes des artères embouteillées de la capitale libanaise, c’est un autre monde qui s’ouvre. Les quartiers sont déserts, un silence de mort règne, uniquement rompu par le vrombissement incessant des drones israéliens qui survolent la zone. L’air est saturé d’une âcre odeur de poudre qui prend à la gorge, témoin des bombardements à répétition qui s’abattent jour et nuit.

Des scènes d’apocalypse au cœur de la banlieue

Au détour d’une rue, un immeuble touché à l’aube par une frappe continue de brûler, noyant tout le secteur dans une épaisse fumée noire. Tout autour, des militants du Hezbollah vêtus de noir, certains portant ostensiblement des mitraillettes dans leur étui, ont établi un cordon de sécurité. A leurs côtés, un camion de pompiers gît, couché sur le flanc, lui-même victime d’un tir avant d’avoir pu éteindre l’incendie.

Dans les zones les plus durement touchées, ce ne sont que montagnes de gravats à perte de vue, surmontées des drapeaux jaunes ou rouges du Hezbollah, la couleur de la vengeance. Et omniprésents, les portraits des “martyrs” de la formation, chefs militaires ou politiques tués dans les raids israéliens, semblent toiser les décombres. A chaque coin de rue, le visage du secrétaire général Hassan Nasrallah, tué le 27 septembre, avec la mention “La victoire divine arrive”, une référence à son nom qui signifie “victoire de Dieu”.

La vie suspendue des derniers habitants

Si les quartiers exposés sont désormais interdits d’accès, un semblant de vie subsiste encore dans les rues plus éloignées des frappes. Mais les habitants se font rares dans cette banlieue qui comptait avant la guerre entre 600 000 et 800 000 âmes selon les estimations. “Quand l’armée israélienne annonce des ordres d’évacuation avant de bombarder, nous fuyons la maison en pleine nuit et attendons dehors pendant des heures avant de pouvoir rentrer”, confie une jeune femme qui n’a nulle part où aller.

Malgré les risques, quelques commerces ouvrent encore le matin avant de fermer leurs portes l’après-midi, avant les frappes. “On installe la famille dans la montagne et on fait des allers-retours quotidiens”, résume, fataliste, un garagiste. Même si la route qu’il emprunte a été elle aussi visée cette semaine aux abords de Beyrouth.

Le spectre des destructions de 2006

Selon les témoins, les bombardements incessants depuis le 23 septembre auraient causé plus de dégâts que lors de la dernière guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, qui avait duré 33 jours. Une destruction systématique, maison après maison, immeuble après immeuble, qui transforme ces quartiers en ville fantôme.

Et comme un symbole de la mainmise du Hezbollah, seule une étrange musique martiale brise parfois le silence des rues ravagées. Là où des immeubles ont été réduits en cendre, des caméras sont installées : le parti chiite tourne ses clips de propagande sur fond de ruines, sous l’oeil méfiant de ses militants qui surveillent les rares journalistes s’aventurant dans ce théâtre de guerre.

Face à ce déchaînement de violence, l’armée libanaise est quasiment invisible, se contentant de rares postes de contrôle à certaines entrées de la banlieue sud, quand d’autres sont totalement désertés. Un constat amer pour les habitants de ce bastion du Hezbollah, plus que jamais livrés à eux-mêmes au coeur de ce conflit qui ravage leur quotidien et leurs vies.

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