Avis aux amateurs du 9e art, le Centre Pompidou vous invite à un voyage extraordinaire au cœur de la bande dessinée moderne et contemporaine. Jusqu’au 4 novembre, l’institution parisienne célèbre le médium à travers un événement d’envergure intitulé “La BD à tous les étages”. Au programme : expositions, rencontres, performances, projections… De quoi ravir petits et grands !
L’exposition phare “Bande dessinée, 1964-2024”
Le clou du spectacle se trouve au 6e étage avec la somptueuse rétrospective “Bande dessinée, 1964-2024”. À travers 750 œuvres originales, ce panorama retrace 60 ans de création provenant des trois grands foyers de la BD : le Japon, les États-Unis et l’Europe. Un parcours dense et éclectique, jalonné de pépites graphiques et narratives.
Aux origines de la BD moderne
L’exposition s’ouvre sur l’année charnière 1964, qui a vu naître des œuvres fondatrices comme la subversive Barbarella de Jean-Claude Forest ou la revue avant-gardiste japonaise Garo. Autant de jalons qui ont ouvert la voie à une bande dessinée adulte, miroir des bouleversements sociaux et culturels de l’époque.
“1964, c’est la sortie de Barbarella, la création de la revue underground Garo au Japon et aussi l’invention de terme de neuvième art”
– Anne Lemonnier, co-commissaire de l’exposition
La contre-culture en ébullition
L’exposition rend hommage aux revues phares des années 1960-1970, laboratoires d’une nouvelle liberté graphique et narrative. Garo et ses auteurs phares comme Yoshiharu Tsuge ou Kuniko Tsurita, la française Hara-Kiri et ses provocations potaches, l’underground américain et ses figures majeures (Robert Crumb, Art Spiegelman, Gilbert Shelton)… Toute une contre-culture bouillonnante qui a durablement influencé la création actuelle.
Mémoires et introspections
Au fil des œuvres se dessine une bande dessinée du “je”, plus introspective et mémorielle. Les récits autobiographiques poignants d’Art Spiegelman (Maus), de Marjane Satrapi (Persepolis) ou de Keiji Nakazawa (Gen d’Hiroshima) témoignent avec force de l’histoire intime mêlée à la grande Histoire. Une plongée saisissante.
Villes rêvées et mondes intérieurs
Autre fil rouge de l’exposition, la ville comme décor fantasmé habite l’œuvre de nombreux auteurs. Des architectures délirantes de François Schuiten aux villes intérieures de Chris Ware ou Seth, le visiteur déambule dans un labyrinthe urbain fascinant. La maquette en carton de la ville imaginaire Dominion créée par Seth achève de brouiller les frontières entre réel et fiction.
Expérimentations narratives
Le parcours s’achève par un volet plus expérimental, à la lisière de l’abstraction et du conceptuel. Les étonnants mangas abstraits de Yuichi Yokoyama, les labyrinthes graphiques de Chris Ware, l’audacieuse Couleur des choses de Martin Panchaud (où le texte devient image)… Autant d’œuvres qui repoussent les limites du médium, ouvrant des perspectives vertigineuses.
La bande dessinée moderne trouve ainsi au Centre Pompidou un écrin à sa (dé)mesure. Kaléidoscopique et immersive, cette exposition fait la part belle à la richesse graphique et narrative d’un art résolument majeur. L’occasion idéale de (re)découvrir des pans méconnus de son histoire et ses plus belles promesses pour l’avenir. Un événement à ne pas rater pour tous les passionnés… et les curieux !