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Kyoto Relève Massivement sa Taxe de Séjour Face au Surtourisme

Kyoto, joyau historique du Japon, est frappée de plein fouet par le surtourisme. Pour y faire face, la ville annonce une forte hausse de sa taxe de séjour. Quelles en seront les conséquences pour les voyageurs et l'économie locale ? Découvrez les détails de cette mesure controversée.

Face à l’afflux massif et croissant de touristes qui met à rude épreuve ses infrastructures, la ville historique de Kyoto au Japon a décidé de prendre des mesures drastiques. Les autorités municipales ont annoncé mardi un relèvement significatif de la taxe de séjour, qui sera désormais graduée en fonction du prix des hébergements. L’objectif affiché est de promouvoir un « tourisme durable » qui apporte satisfaction aux habitants, aux visiteurs et aux entreprises locales.

Une fréquentation touristique en forte hausse

Kyoto, ancienne capitale impériale réputée pour ses temples bouddhistes centenaires et ses ruelles traditionnelles, fait face à une popularité grandissante auprès des voyageurs du monde entier. Entre 2012 et 2020, le nombre de touristes étrangers visitant le Japon a été multiplié par cinq. Et depuis la levée des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, la fréquentation a littéralement explosé, gonflée par un yen affaibli. Les projections tablent sur un nombre record de 35 millions de visiteurs en 2024.

Si ce succès constitue une manne économique indéniable, il génère aussi de nombreuses externalités négatives pour les habitants. Parmi les problèmes pointés du doigt : l’engorgement de la circulation, l’envahissement des espaces privés par des touristes en quête du parfait cliché pour les réseaux sociaux, ou encore le harcèlement des geishas en kimono dans les rues.

Des tarifs progressifs selon le standing des hébergements

Pour tenter d’endiguer ces dérives, la municipalité de Kyoto a donc opté pour une taxation plus élevée des nuitées, en fonction du prix des chambres. Concrètement, la taxe de séjour passera de 500 à 1000 yens (de 3,10 à 6,20 euros) par personne et par nuit pour les hébergements facturés entre 20 000 et 50 000 yens (124 à 310 euros). Elle grimpera à 4000 yens (24 euros) pour les chambres louées entre 50 000 et 100 000 yens (310 à 620 euros). Enfin, elle sera multipliée par dix, à 6500 yens (62 euros) pour une nuit à plus de 100 000 yens (620 euros). Une mesure coup de poing qui doit encore être validée par le conseil municipal et entrerait en vigueur en mars 2026.

Nous avons l’intention d’augmenter la taxe de séjour afin de parvenir à un tourisme durable apportant un niveau élevé de satisfaction aux citoyens, touristes et entreprises.

Les autorités municipales de Kyoto

Un comportement irrespectueux de certains visiteurs pointé du doigt

Au-delà des questions de surtourisme, Kyoto déplore également des incivilités récurrentes de la part d’une frange de visiteurs qui se comportent comme dans un « parc d’attractions », notamment dans le quartier historique de Gion. Les artistes geishas, appelées « geiko » localement, cristallisent les fascinations et font l’objet d’un véritable harcèlement dans les rues. Dans les cas les plus graves rapportés, une apprentie geisha a vu son précieux kimono déchiré et une autre a retrouvé des mégots de cigarette glissés dans son col. Face à ces débordements, le conseil du quartier de Gion a décidé en mars dernier d’interdire purement et simplement l’accès des touristes aux ruelles privées.

Une taxe controversée dans un contexte inflationniste

Si les arguments en faveur d’une régulation de la fréquentation touristique semblent légitimes, la mesure suscite aussi des critiques. Certains habitants et professionnels du tourisme estiment que cette taxation pourrait s’avérer excessive et contre-productive, dans un contexte d’inflation déjà douloureuse. D’aucuns appellent à trouver un juste équilibre entre restriction et incitation.

Le tourisme a des inconvénients comme l’impact sur l’environnement. Mais cela ne signifie pas que la ville doive imposer des taxes excessives. Les touristes viennent malgré une inflation douloureuse.

Daichi Hayase, photographe habitant à Kyoto

Une tendance mondiale à la régulation des flux touristiques

La démarche de Kyoto s’inscrit dans un mouvement plus large de grandes destinations touristiques cherchant à se prémunir contre les effets pervers d’une fréquentation de masse. De Venise à la baie de Maya en Thaïlande en passant par le Machu Picchu au Pérou, de plus en plus de sites emblématiques mettent en place des quotas de visiteurs, des droits d’accès payants, des réservations obligatoires ou encore des taxes. Au Japon même, le mont Fuji est désormais soumis à un quota journalier sur certains sentiers et un droit d’entrée d’environ 12 euros a été instauré.

Si ces mesures peuvent sembler impopulaires de prime abord, elles visent à préserver sur le long terme des écosystèmes fragiles et un cadre de vie pour les populations locales, tout en permettant aux visiteurs de profiter d’une expérience de qualité. Un défi d’équilibriste pour les villes et sites touristiques, tiraillés entre impératifs économiques et volonté de durabilité.

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