Et si la guerre en Ukraine, qui dure depuis bientôt quatre ans, trouvait enfin une issue grâce à une poignée de main à Moscou ? L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le paysage géopolitique : le Kremlin confirme la visite prochaine de l’émissaire spécial américain Steve Witkoff et, fait rare, qualifie déjà certains éléments du plan américain de « positifs ». Dans le même souffle, Moscou écarte sans ménagement les Européens des discussions. Un tournant ? Décryptage complet de ce qui pourrait devenir le chapitre final d’un conflit qui a bouleversé le monde.
Un canal direct Washington-Moscou qui s’active à grande vitesse
La nouvelle est tombée mercredi matin : Steve Witkoff, proche conseiller de Donald Trump et désormais émissaire spécial pour l’Ukraine, se rendra la semaine prochaine à Moscou. L’information, d’abord évoquée par le président américain lui-même depuis son avion, a été officiellement confirmée par Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine.
Ce n’est pas une simple visite de courtoisie. Selon les déclarations russes, Witkoff sera très probablement reçu en personne par le maître du Kremlin. Un honneur protocolaire qui en dit long sur l’importance accordée à ces discussions.
« Si Witkoff vient, il sera sûrement reçu par le président de la Fédération de Russie »
Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin
Des contacts déjà fréquents et confidentiels
Ce qui surprend les observateurs, c’est la révélation que les échanges entre Witkoff et Ouchakov sont déjà réguliers. Le conseiller russe l’a reconnu sans détour : « Je parle assez souvent à Witkoff ». Des conversations dont le contenu reste, pour l’instant, strictement confidentiel.
Cette confidence intervient après qu’une information de Bloomberg a affirmé que l’émissaire américain avait prodigué des conseils à son interlocuteur russe sur la meilleure façon de présenter un plan de règlement à Donald Trump. Moscou n’a ni confirmé ni démenti le fond, mais a vivement critiqué la fuite.
Pour le Kremlin, ces révélations médiatiques risquent de compromettre des relations russo-américaines qui, selon les mots d’Ouchakov, « se construisent de manière difficile » mais réelle, notamment grâce à ces contacts téléphoniques réguliers.
Le plan américain : des « points positifs » selon Moscou
Le plus marquant reste l’appréciation positive, même prudente, portée par le Kremlin sur le projet américain. Iouri Ouchakov a employé des termes inhabituels dans la rhétorique russe récente : certains points du plan sont qualifiés de « positifs ». Une ouverture rarissime.
« Certains points, on peut dire qu’ils sont positifs, mais beaucoup d’autres nécessitent une discussion spéciale entre experts »
Iouri Ouchakov
Cette nuance est capitale. Moscou ne valide pas l’ensemble du plan – loin de là – mais reconnaît pour la première fois publiquement qu’une base de discussion sérieuse existe. Un changement de ton qui contraste avec les rejets systématiques des années précédentes.
Le Kremlin précise toutefois qu’aucune discussion détaillée n’a encore eu lieu avec quiconque sur ce projet. La visite de Witkoff apparaît donc comme le véritable point de départ des négociations de fond.
L’Europe brutalement écartée des discussions
Dans le même temps, Moscou ferme la porte avec une fermeté spectaculaire à toute implication européenne. Iouri Ouchakov a jugé « tout à fait inutiles » les tentatives des Européens de s’immiscer dans le processus. Un camouflet retentissant pour Paris et Berlin.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait déjà été plus explicite la veille : « Aujourd’hui, il ne peut s’agir d’aucune médiation de la France ou de l’Allemagne ». Le message est limpide : pour Moscou, l’Europe n’a plus voix au chapitre.
Cette position s’accompagne d’une valorisation sans précédent des États-Unis, présentés comme le « seul pays occidental » à avancer des initiatives concrètes pour un règlement. Un renversement diplomatique qui place Washington en position d’interlocuteur privilégié.
Pourquoi cette exclusion européenne ? Moscou reproche aux capitales du Vieux Continent leur soutien militaire et financier massif à Kiev, perçu comme un alignement total sur la position ukrainienne. Pour le Kremlin, les Européens ne peuvent plus prétendre à la neutralité nécessaire d’un médiateur.
Jared Kushner dans l’ombre des négociations ?
Autre détail qui intrigue : Donald Trump a laissé entendre que son gendre, Jared Kushner, pourrait accompagner Steve Witkoff à Moscou. L’ancien conseiller principal de la Maison Blanche, artisan des accords d’Abraham au Moyen-Orient, ferait ainsi un retour discret mais potentiellement décisif sur la scène diplomatique.
Sa présence, même non confirmée officiellement, renforcerait l’idée d’une équipe Trump mobilisée à haut niveau sur le dossier ukrainien. Kushner dispose d’une expérience reconnue dans les négociations complexes et d’un réseau relationnel qui dépasse largement le cadre public.
Un calendrier diplomatique qui s’accélère brutalement
Cette séquence diplomatique intervient dans un contexte particulièrement chargé. L’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier 2026, semble agir comme un catalyseur. Moscou comme Washington paraissent déterminés à poser les bases d’un accord avant cette date symbolique.
La rapidité des annonces – confirmation de la visite, appréciation positive du plan, exclusion des Européens – suggère que des échanges préliminaires ont déjà permis d’identifier des points de convergence. Reste à savoir jusqu’où ira cette convergence.
Car derrière les déclarations officielles, les enjeux sont immenses : statut des territoires annexés, garanties de sécurité, sanctions économiques, rôle de l’OTAN… Aucun de ces points n’a été publiquement abordé. La visite de Witkoff pourrait être le moment où ces lignes rouges seront enfin posées sur la table.
Ce que cette visite pourrait changer concrètement
- Ouverture officielle d’un canal de négociation direct entre Moscou et Washington
- Mise à l’écart durable des Européens dans le processus de paix
- Première validation partielle russe d’un plan occidental depuis 2022
- Possible implication personnelle de Vladimir Poutine dans les discussions
- Accélération du calendrier diplomatique avant l’investiture de Trump
Autant d’éléments qui, pris ensemble, pourraient constituer le prélude à la plus importante avancée diplomatique depuis le début du conflit. Ou, au contraire, déboucher sur un échec retentissant si les divergences s’avèrent insurmontables.
Une chose est certaine : pour la première fois depuis longtemps, Moscou parle le langage de la négociation plutôt que celui de l’affrontement pur et dur avec un partenaire occidental. Et ce partenaire, c’est Washington, pas Bruxelles ni Paris.
La semaine prochaine, dans les salons dorés du Kremlin, pourrait s’écrire une page décisive de l’histoire contemporaine. Ou s’ouvrir un nouveau chapitre d’incertitudes. Une chose est sûre : le monde entier retiendra son souffle.









