Imaginez devoir parcourir des kilomètres, passer des heures au téléphone, pour finalement essuyer des refus. C’est le parcours du combattant auquel sont confrontés de nombreux patients nécessitant des soins de kinésithérapie. Car oui, la kinésithérapie remboursée est en voie d’extinction. Un constat alarmant qui appelle à une prise de conscience collective et à des solutions urgentes.
Une offre de soins qui se réduit comme peau de chagrin
Trouver un kinésithérapeute acceptant la carte vitale relève aujourd’hui du parcours du combattant. Les patients se heurtent à une diminution drastique de l’offre de soins prise en charge par l’assurance maladie. Un phénomène qui touche tout le territoire, des grandes villes aux zones rurales.
Comment je fais si on ne m’accepte nulle part avant la fin de mon arrêt maladie ?
– Xavier P., patient en recherche désespérée de soins
Cette situation critique a des conséquences directes sur la santé des patients. Faute de soins adaptés, les blessures et pathologies s’aggravent, entraînant des complications à long terme. Un cercle vicieux qui pourrait être évité avec un accès facilité à la kinésithérapie.
Les kinésithérapeutes contraints de se tourner vers le secteur privé
Mais alors, pourquoi cette désertification de la kinésithérapie remboursée ? La réponse est simple : les kinésithérapeutes eux-mêmes tendent à réduire leurs activités conventionnées. Face à des tarifs jugés insuffisants et des contraintes administratives croissantes, beaucoup font le choix de se tourner vers une patientèle privée, quitte à pratiquer des dépassements d’honoraires.
La société pense qu’il n’y aura pas de conséquences s’il n’y a plus de kinés, c’est faux.
– Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes
Vers une kinésithérapie à deux vitesses
Cette evolution inquiétante dessine les contours d’une kinésithérapie à deux vitesses. D’un côté, une offre de soins remboursés qui se réduit. De l’autre, un secteur privé en plein essor, réservé à ceux qui en ont les moyens. Une situation inégalitaire qui va à l’encontre du principe d’accès aux soins pour tous.
L’urgence d’agir pour préserver l’accès aux soins
Face à ce constat alarmant, il est urgent d’agir. Des solutions existent pour enrayer cette tendance et garantir un accès pérenne à la kinésithérapie remboursée :
- Revaloriser les actes de kinésithérapie pour inciter les praticiens à maintenir une activité conventionnée
- Développer des modes d’exercice innovants, comme les maisons de santé pluridisciplinaires, pour mutualiser les coûts
- Mieux informer les patients sur leurs droits et les dispositifs d’aide existants
- Renforcer l’attractivité des zones sous-dotées pour favoriser l’installation de kinésithérapeutes
Il en va de la responsabilité de tous les acteurs – pouvoirs publics, professionnels de santé, assurance maladie – de se saisir de cet enjeu majeur de santé publique. Car derrière ces difficultés d’accès aux soins, ce sont des vies qui sont impactées, des patients qui souffrent en silence.
Alors oui, la kinésithérapie remboursée est en danger. Mais non, la situation n’est pas irrémédiable. À condition d’en prendre la mesure et d’agir vite et fort. Pour que le parcours de soins ne soit plus un parcours du combattant. Pour que la kinésithérapie reste un droit, et non un privilège.