La Corée du Nord vient de franchir un nouveau cap dans sa course à l’armement. Selon des informations rapportées par l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA, le dirigeant Kim Jong Un a ordonné de donner la priorité absolue à la production massive de drones explosifs, aussi appelés drones kamikazes. Une annonce qui fait frémir les observateurs internationaux, déjà préoccupés par les tensions croissantes dans la péninsule coréenne.
D’après la même source, Kim Jong Un aurait assisté en personne à un test de performance de ces engins meurtriers dans une usine nord-coréenne. Visiblement satisfait des résultats, il aurait insisté sur la nécessité de mettre en place une chaîne de production en série dans les plus brefs délais. L’objectif affiché : passer à une production de masse de ces drones explosifs qui agissent comme de véritables missiles guidés.
Une technologie probablement issue de l’alliance avec la Russie
Si la Corée du Nord a dévoilé publiquement ce type de drones pour la première fois en août dernier, des experts soupçonnent fortement que cette technologie découle du renforcement des liens entre Pyongyang et Moscou. En effet, depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, la Russie et la Corée du Nord, anciens alliés de l’époque soviétique, se sont considérablement rapprochés.
Un traité de défense mutuelle a même été conclu entre les deux pays lors d’une rare visite de Vladimir Poutine à Pyongyang en juin dernier. Celui-ci prévoit une assistance militaire immédiate réciproque en cas d’attaque contre l’un des deux États. Ce pacte stratégique pourrait bien avoir ouvert la voie à des transferts de technologies sensibles, dont ces fameux drones explosifs.
Des similitudes troublantes avec des modèles russes et israéliens
Les images des drones nord-coréens publiées en août par les médias d’État ont immédiatement attiré l’attention des spécialistes en armement. Beaucoup y ont vu une ressemblance frappante avec le Lancet-3, un drone kamikaze de fabrication russe, ainsi qu’avec le Harop israélien et le Hero-30, lui aussi conçu en Israël.
Selon plusieurs analystes, il est probable que la Corée du Nord ait acquis ces technologies auprès de la Russie, qui les aurait elle-même obtenues en les piratant ou en les volant à Israël, par l’intermédiaire de l’Iran. Un jeu de piste géopolitique complexe qui montre à quel point la circulation des technologies militaires les plus sensibles peut échapper à tout contrôle.
Tensions exacerbées avec la Corée du Sud
L’annonce de cette production intensive de drones explosifs intervient dans un contexte de tensions particulièrement vives entre les deux Corées. Pyongyang vient de procéder au tir d’essai d’un nouveau missile balistique intercontinental à combustible solide, présenté comme le plus avancé de son arsenal. Un message clair envoyé à la communauté internationale, et en particulier à la Corée du Sud.
En 2022 déjà, la Corée du Nord avait envoyé des drones au-dessus de la frontière, obligeant l’armée sud-coréenne à des tirs d’avertissement et au déploiement de chasseurs. Plus récemment, Pyongyang a accusé Séoul de violer sa souveraineté en envoyant des drones larguer de la propagande au Nord. Une guerre des drones qui pourrait prendre une tournure explosive avec l’arrivée massive de ces engins kamikazes dans l’arsenal nord-coréen.
Pyongyang prêt à utiliser des drones contre le Sud et en Ukraine ?
En insistant sur la production et le déploiement à grande échelle de différents types de drones, le régime nord-coréen semble vouloir se doter d’une force de frappe redoutable. Outre des attaques potentielles contre la Corée du Sud, désormais officiellement désignée comme un “État hostile”, ces drones pourraient aussi être engagés dans le conflit ukrainien, comme le redoutent certains experts.
Compte tenu de l’efficacité des attaques de drones observées dans la guerre en Ukraine, ils pourraient également être utilisés dans le cadre de ce conflit.
Yang Moo-jin, président de l’Université d’études nord-coréennes de Séoul
Le mois dernier, la Corée du Nord a franchi un cap supplémentaire en modifiant sa constitution pour y inscrire le statut d'”État hostile” de la Corée du Sud. Dans la foulée, elle a détruit des routes et des voies ferrées reliant les deux pays, comme pour mieux acter la rupture. Des signaux particulièrement alarmants, qui laissent présager une escalade difficile à maîtriser.
Face à cette ligne dure de Pyongyang, la communauté internationale retient son souffle. L’accélération du programme de drones militaires nord-coréens fait peser la menace d’une déflagration aux conséquences incalculables dans une des régions les plus tendues de la planète. Plus que jamais, la retenue et la désescalade s’imposent pour éviter l’embrasement.