Kilian Jornet, véritable légende vivante de l’ultra-trail, a décidé de prendre la parole sur un sujet qui lui tient à cœur : l’impact environnemental de son sport. Dans un podcast exclusif intitulé « Ultra Run », le champion espagnol reconnaît sa part de responsabilité en tant qu’athlète de haut niveau et veut sensibiliser le grand public aux défis écologiques auxquels notre planète fait face.
« En tant qu’athlète, on est une partie du problème », admet Kilian Jornet sans détour. Lui qui enchaîne les défis aux quatre coins du globe est bien conscient que ses voyages ont un coût pour l’environnement. Mais comment concilier sa passion pour la compétition et son amour de la nature ? C’est tout l’enjeu de sa réflexion actuelle.
Un constat sans appel
L’ultra-trailer de 35 ans dresse un bilan carbone plutôt sombre de sa discipline. Entre les déplacements en avion pour rejoindre les différentes courses, le matériel technique qui a une durée de vie limitée ou encore le nombre croissant de pratiquants qui investissent des espaces naturels fragiles, l’impact est loin d’être neutre.
On ne peut pas faire comme si de rien n’était. Il faut qu’on trouve des solutions, qu’on fasse évoluer les mentalités et les pratiques.
Kilian Jornet
Repenser les formats de courses
Parmi les pistes évoquées, Kilian Jornet suggère de repenser les formats des grandes courses d’ultra-trail. Plutôt que d’attirer des milliers de participants du monde entier, pourquoi ne pas valoriser davantage les athlètes locaux et régionaux ? Cela permettrait de limiter les déplacements lointains et de redynamiser les territoires.
Encourager les modes de transport doux
Le Catalan milite aussi pour l’utilisation de modes de transport plus doux quand cela est possible. Train, covoiturage, vélo… Chaque geste compte pour réduire son bilan carbone. Il interpelle les organisateurs de courses et les invite à mettre en place des incitations dans ce sens.
Allonger la durée de vie du matériel
Autre cheval de bataille : la surconsommation de matériel technique. Entre les chaussures, les sacs, les bâtons, les vêtements… Un trailer est un véritable consommateur de produits spécialisés. Kilian Jornet en appelle à la responsabilité des marques pour proposer du matériel plus durable et réparable. Et côté coureurs, il invite à prendre soin de son équipement pour le faire durer au maximum.
Éduquer et sensibiliser
Au-delà des solutions pratiques, l’athlète insiste sur l’importance de la pédagogie et de l’éducation. Selon lui, les sportifs ont un rôle de premier plan à jouer pour faire passer des messages et inspirer des changements de comportement. En partageant ses convictions et son expérience, il espère faire des émules et créer une véritable communauté de trailers engagés.
Si on aime courir dans la nature, on a le devoir de la protéger. C’est une responsabilité individuelle et collective.
Kilian Jornet
La route est encore longue et semée d’embûches, Kilian Jornet en est bien conscient. Lui-même reconnaît ne pas être un exemple parfait, tiraillé entre ses convictions écologiques et les contraintes de son sport. Mais il a décidé de ne plus rester silencieux et d’utiliser sa notoriété pour faire bouger les lignes. Un engagement sincère et courageux qui force le respect.
Des premières victoires
Son discours commence à porter ses fruits. Certains organisateurs de courses prennent des mesures concrètes, comme la mise en place de navettes, la suppression des ravitaillements jetables ou encore le nettoyage systématique des sentiers après le passage des coureurs. Des petits pas qui en appellent d’autres pour que l’ultra-trail trouve un nouvel élan, plus durable et responsable.
Kilian Jornet en est persuadé : c’est en unissant les bonnes volontés et en prêchant par l’exemple que les mentalités évolueront. Son appel ne laisse personne indifférent et prouve qu’il est possible de réconcilier performance sportive et protection de l’environnement. Un défi à la hauteur de ce champion hors norme qui n’a pas fini de nous surprendre, sur les sentiers comme en dehors.