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Khamenei Rejette Toute Coopération avec Trump

Le guide suprême iranien vient de déclarer que l’administration Trump « n’est pas digne » de parler à l’Iran. Il dément aussi tout message secret envoyé aux États-Unis après la guerre de 12 jours contre Israël et les bombardements américains sur trois sites nucléaires. Que cache cette fermeté inédite ?

Et si la porte du dialogue entre Téhéran et Washington venait de se refermer pour de bon ? Jeudi soir, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a prononcé des mots d’une rare violence à l’encontre de l’administration Trump, la déclarant tout simplement « indigne » de la moindre coopération avec la République islamique.

Dans une allocution télévisée diffusée à l’occasion de la journée des forces Bassij, il a balayé d’un revers de main les rumeurs de contacts secrets et affirmé que les États-Unis trahissent même leurs propres alliés en soutenant « le gang criminel qui gouverne la Palestine », une formule cinglante visant évidemment Israël.

Une rupture consommée après la guerre de juin

Pour comprendre la portée de ces déclarations, il faut remonter à l’attaque israélienne surprise du 13 juin dernier. Ce jour-là, Tsahal a frappé avec une ampleur jamais vue des installations stratégiques iraniennes, tuant des dizaines de hauts gradés, de scientifiques nucléaires et de civils. L’Iran a riposté, déclenchant un conflit de douze jours qui a tenu le monde en haleine.

Pendant cette période, les États-Unis sont entrés directement dans la danse en bombardant trois sites nucléaires iraniens majeurs. Un acte perçu à Téhéran comme la preuve définitive que Washington n’a jamais voulu la paix, mais seulement l’asphyxie du régime.

Des négociations déjà au point mort

Avant juin, des discussions indirectes avaient pourtant timidement repris sous l’égide du sultanat d’Oman. L’objectif : tenter de ressusciter un cadre autour du programme nucléaire iranien, source de tensions permanentes avec l’Occident depuis vingt ans.

Ces pourparlers, fragiles, se sont évaporés dès les premières explosions. L’attaque israélienne, suivie des frappes américaines, a transformé une crise diplomatique en confrontation militaire ouverte. À Téhéran, nombreux sont ceux qui estiment que les États-Unis ont donné leur feu vert, voire plus, à l’opération israélienne.

« Un tel gouvernement n’est pas digne d’être approché ou de coopérer avec un gouvernement comme la République islamique. »

Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique

Le démenti catégorique des « messages secrets »

Ces dernières semaines, des rumeurs persistantes laissaient entendre que l’Iran aurait discrètement tendu la main aux États-Unis via un pays tiers pour calmer le jeu. Khamenei a qualifié ces informations de « pur mensonge » devant des millions de téléspectateurs.

Ce démenti public, prononcé avec force, vise à couper court à toute ambiguïté : il n’y a plus de canal, plus de messager, plus d’espoir de discussion tant que Donald Trump sera aux commandes. Un message adressé autant à l’opinion publique iranienne qu’à la communauté internationale.

L’unité nationale, arme politique de Téhéran

Dans son discours, le guide suprême a longuement salué « l’unité » du peuple iranien pendant les douze jours de guerre. Il a même affirmé que « même ceux qui avaient des divergences avec le système » avaient soutenu le pays face à l’ennemi commun.

Cette rhétorique de l’union sacrée n’est pas nouvelle, mais elle prend une dimension particulière après les bombardements. Elle permet de légitimer le durcissement de la ligne et de présenter toute ouverture future comme une trahison potentielle.

Les trois sites nucléaires frappés par les États-Unis
• Natanz (centrifugeuses d’enrichissement)
• Fordow (installation souterraine fortifiée)
• Arak (réacteur à eau lourde)

Le programme nucléaire toujours au cœur du conflit

Israël et les pays occidentaux accusent depuis des années l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme civil. Téhéran répète inlassablement que ses activités sont exclusivement pacifiques.

Les frappes de juin ont détruit ou gravement endommagé des installations clés. Pourtant, les autorités iraniennes laissent entendre que le savoir-faire n’a pas disparu et que la détermination reste intacte. Un message à peine voilé : détruire des bâtiments ne suffira pas à arrêter la République islamique.

En coulisses, les experts estiment que ces bombardements ont surtout repoussé le calendrier, sans l’anéantir. Le savoir scientifique et les compétences humaines, eux, sont toujours là. Et c’est peut-être ce qui inquiète le plus les adversaires de l’Iran.

Les Bassij, fer de lance de la mobilisation

Le choix de la journée des Bassij pour prononcer ce discours n’est pas anodin. Cette force paramilitaire, rattachée aux Gardiens de la révolution, représente le socle populaire et idéologique du régime.

En les plaçant au centre de son intervention, Khamenei rappelle que la défense du pays ne repose pas seulement sur l’armée régulière, mais sur des millions de volontaires prêts à tout. Un avertissement implicite : toute nouvelle agression se heurterait à une résistance farouche.

Vers une nouvelle ère de confrontation ?

En déclarant l’administration Trump « indigne », le guide suprême pose un acte fort qui pourrait durablement hypothéquer les relations irano-américaines. Même en cas de changement de locataire à la Maison-Blanche, le souvenir de juin 2025 restera gravé dans les mémoires.

À court terme, cette posture de défi absolu renforce la cohésion interne et légitime le rejet de toute concession. À long terme, elle risque d’isoler encore davantage l’Iran sur la scène internationale, au moment où l’économie souffre déjà cruellement des sanctions.

Mais pour le pouvoir iranien, la dignité semble primer sur le pragmatisme. Et tant que cette ligne prévaudra, la perspective d’un retour à la table des négociations paraît plus éloignée que jamais.

Le Moyen-Orient retient son souffle. Car quand Téhéran claque la porte avec une telle détermination, les répercussions se font toujours sentir bien au-delà de ses frontières.

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