Depuis un mois, le Kenya est secoué par un vent de contestation. Des manifestants, pour beaucoup issus de la “génération Z”, demandent la démission du président William Ruto. En cause : le projet de budget 2024-2025, jugé trop dur pour les classes populaires déjà frappées par l’inflation galopante.
Face à cette fronde, la réponse des autorités est sans appel. La police n’hésite pas à faire usage de la force, tirant des grenades lacrymogènes et utilisant des canons à eau sur les protestataires. Mais la détermination des manifestants ne faiblit pas, malgré la répression.
Un lourd bilan humain
Les affrontements ont atteint leur paroxysme le 25 juin dernier, lorsque des manifestants ont pénétré dans l’enceinte du Parlement. Les forces de l’ordre ont alors tiré à balles réelles, faisant plusieurs dizaines de morts. Depuis le début du mouvement le 18 juin, la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR) dénombre au moins 50 personnes tuées.
Nous sommes pacifiques, nous n’avons aucune arme, mais ils nous tirent dessus, ils nous envoient des lacrymogènes.
Francis Mumo, manifestant de 32 ans
Un président sous pression
Devant l’ampleur de la contestation, le président Ruto a dû reculer. Il a annoncé le retrait du projet de budget controversé et a limogé la quasi-totalité de son gouvernement la semaine dernière. Mais pour les manifestants, cela ne suffit pas. Ils veulent le départ pur et simple du chef de l’État, élu il y a moins d’un an.
Une jeunesse kényane avide de changement
Ce mouvement témoigne de l’éveil d’une jeunesse kényane connectée et exigeante. Cette “génération Z”, née après 1997, aspire à plus de justice sociale et de transparence. Elle n’hésite pas à descendre dans la rue pour faire entendre sa voix, quitte à braver les interdictions et la répression policière.
Amnesty International a appelé les autorités à “arrêter tous les policiers impliqués dans les meurtres et les enlèvements de manifestants”. Mais pour l’heure, le président Ruto semble déterminé à mater la contestation par la force. Le bras de fer entre le pouvoir et la rue semble parti pour durer.
Un pays sous tension
Pays souvent cité en exemple pour sa stabilité dans une région troublée, le Kenya traverse une zone de turbulences. La crise politique actuelle fait resurgir les tensions ethniques et les inégalités sociales qui minent le pays. Elle met aussi en lumière les dérives autoritaires d’un pouvoir qui n’hésite pas à réprimer dans le sang les aspirations démocratiques de sa jeunesse.
L’avenir du Kenya se joue peut-être dans les rues de Nairobi et des autres grandes villes du pays. La “génération Z” parviendra-t-elle à imposer le changement qu’elle appelle de ses vœux ? Ou le président Ruto réussira-t-il à étouffer la contestation et à s’accrocher au pouvoir ? Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour ce géant d’Afrique de l’Est.