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Kenya : le président recule sur le budget controversé après 22 morts

Le Kenya sous tension : face à la rue qui gronde, le président Ruto bat en retraite et retire son budget polémique. Après des émeutes sanglantes faisant 22 morts, le pouvoir kényan tente d'apaiser la situation. Mais la colère ne...

Le Kenya est en état de choc. Après une journée d’émeutes meurtrières contre le nouveau budget présenté par le gouvernement, qui a fait 22 morts selon la Commission nationale des droits de l’homme, le président William Ruto a dû faire machine arrière. Dans un discours à la nation mercredi, il a annoncé le retrait pur et simple du projet de loi de finances 2024-2025, décrié dans la rue pour ses nombreuses hausses de taxes.

Une décision radicale face à la pression populaire, qui avait atteint un niveau inédit la veille. Des milliers de manifestants avaient envahi les rues de la capitale Nairobi et d’autres villes du pays, affrontant violemment les forces de l’ordre. Une foule en colère était même parvenue à pénétrer dans l’enceinte du Parlement, saccageant et incendiant partiellement des bâtiments. Du jamais vu.

Le pouvoir contraint de reculer

Arrivé au pouvoir il y a moins d’un an, William Ruto se retrouve face à sa première grande crise. Alors que son gouvernement défendait ce budget et ses taxes comme nécessaires vu l’endettement du pays, il a dû se résoudre à un recul total. « J’ai écouté et entendu les Kényans qui ont exprimé clairement leur rejet de ce projet de loi de finances. Je m’incline devant la volonté populaire », a-t-il déclaré dans un discours conciliant.

Un aveu d’échec pour le président et son équipe, qui espéraient faire passer ce budget malgré les protestations des dernières semaines. Mais la journée insurrectionnelle de mardi, qui a couté la vie à au moins 22 personnes sous les balles de la police selon le bilan de la KNHRC, a changé la donne. Le pouvoir, dépassé par les événements, ne pouvait plus ignorer la colère de la rue.

Un dialogue national pour sortir de la crise ?

Pour tenter d’apaiser les esprits, William Ruto a lancé dans la foulée un appel au dialogue national. « Il faut que nous ayons une discussion en tant que nation sur la gestion de nos finances, de notre dette. Je proposerai très prochainement des consultations avec les jeunes, nos enfants », a-t-il promis, main tendue vers les manifestants.

Mais pour beaucoup d’opposants et de leaders de la contestation, ces promesses arrivent tard et ressemblent à une opération de communication après le drame. La colère et le choc dominent, au lendemain d’une des journées les plus sanglantes de l’histoire récente du Kenya. Pour Hanifa Adan, une activiste connue, « le retrait du budget ne ramènera pas à la vie ceux qui sont morts ».

La tension perdure, le pays suspendu

Malgré le recul du président sur le budget honni, le climat reste très tendu dans le pays. Si les débordements ont cessé, la tristesse et la frustration dominent. Dans le centre de Nairobi, une ambiance lourde persiste avec une forte présence policière et militaire. Partout, les stigmates des affrontements sont visibles.

Et les appels à manifester à nouveau ce jeudi, en hommage aux victimes, font craindre un nouveau cycle de violences. « Tout le pouvoir appartient au peuple. Vous ne pouvez pas tous nous tuer » a prévenu Hanifa Adan. Le Kenya retient son souffle, suspendu à l’évolution de ce bras de fer entre un président fragilisé et une rue révoltée, endeuillée mais déterminée. L’avenir du pays et sa stabilité en dépendent.

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