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Kenya : La Cour suprême valide le remplacement du vice-président destitué

La Haute cour kényane autorise le remplacement du vice-président destitué dans un contexte politique tendu. Le nouveau vice-président désigné, actuellement ministre de l'Intérieur, est attendu pour prêter serment, mais sa nomination ne fait pas l'unanimité...

Un nouveau rebondissement vient secouer la scène politique kényane. Jeudi, la Haute cour a levé une injonction qui bloquait jusqu’ici le remplacement de Rigathi Gachagua, le vice-président destitué le 17 octobre dernier. Cette décision controversée ouvre ainsi la voie à la prestation de serment de Kithure Kindiki, l’actuel ministre de l’Intérieur, désigné pour devenir le nouveau numéro deux du pays.

Un vice-président écarté pour la première fois

Rigathi Gachagua est entré dans l’histoire en devenant le premier vice-président du Kenya à être démis de ses fonctions dans le cadre d’une procédure prévue par la Constitution de 2010. Le Sénat l’a en effet jugé coupable de “violation grave” de la loi fondamentale, mais aussi de menaces envers les juges et de pratiques politiques encourageant la division ethnique.

Cette destitution fait suite à plusieurs mois de conflit ouvert entre Gachagua et le président William Ruto. D’après des sources proches du pouvoir, les relations entre les deux hommes s’étaient fortement dégradées ces derniers temps, rendant leur collaboration de plus en plus difficile.

Un remplaçant controversé

Quelques heures seulement après le vote historique du Sénat, le président Ruto a nommé Kithure Kindiki, 52 ans, pour succéder à Gachagua. Ce choix a été immédiatement approuvé par l’Assemblée nationale. Universitaire devenu un poids lourd de la politique kényane, Kindiki devrait, selon les analystes, aider Ruto à consolider son emprise sur le pouvoir.

Mais cette nomination ne fait pas l’unanimité. Le nouveau vice-président désigné a en effet été vivement critiqué pour avoir défendu les forces de l’ordre lors des manifestations antigouvernementales de juin et juillet derniers. La répression policière de ces rassemblements avait fait au moins 60 morts, suscitant une vive émotion dans le pays.

La justice valide le remplacement

Rigathi Gachagua avait contesté sa destitution en justice, obtenant dans un premier temps la suspension de la nomination de Kindiki. Mais jeudi, la Haute cour a finalement tranché en faveur du pouvoir exécutif. Selon la juridiction, la Constitution “n’envisage aucun scénario dans lequel le poste de vice-président resterait vacant, sauf pendant la brève période nécessaire pour pourvoir un tel poste vacant”.

Cette décision lève donc les derniers obstacles au remplacement de Gachagua. Kithure Kindiki devrait prêter serment comme nouveau vice-président dans les prochains jours, mettant ainsi un terme à ce feuilleton politique qui tient le Kenya en haleine depuis plusieurs semaines.

Un pays sous tension

Cette crise au sommet de l’État intervient dans un contexte de fortes tensions politiques et sociales au Kenya. Considéré comme une démocratie stable dans une région troublée, le pays fait face à de nombreux défis, entre difficultés économiques, divisions ethniques et accusations de corruption à l’encontre de la classe dirigeante.

Cette destitution historique est révélatrice des profondes fractures qui traversent la société kényane. Elle témoigne aussi de la fragilité de nos institutions démocratiques.

– Un politologue kényan

Le président Ruto, élu en 2022 avec seulement 50,49% des voix face à Raila Odinga, peine à rassembler le pays derrière lui. Sa décision d’écarter son vice-président, un allié de poids issu de l’ethnie kikuyu, majoritaire au Kenya, risque d’accentuer les clivages, même s’il a pris soin de choisir un remplaçant originaire de la même région.

Reste à savoir si Kithure Kindiki parviendra à s’imposer dans ses nouvelles fonctions et à apaiser les esprits. Son passé controversé et les circonstances tendues de sa nomination laissent planer le doute. Le Kenya retient en tout cas son souffle, dans l’attente des prochains rebondissements de cette crise politique sans précédent.

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