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Keir Starmer Relance la Réforme de la Protection Sociale

Keir Starmer va frapper fort lundi : l’État providence britannique « piège les gens hors de l’emploi » et coûte des milliards. Après l’échec de l’été, il repart à l’assaut avec une réforme explosive. Mais tiendra-t-il face à sa propre majorité ?

Imaginez un pays où plus de deux millions et demi de personnes en âge de travailler sont déclarées en arrêt maladie de longue durée. Un pays où le nombre record de jeunes sortent définitivement du marché du travail avant même d’y être vraiment entrés. Ce pays, c’est le Royaume-Uni en 2025.

Keir Starmer veut briser le cercle vicieux de la dépendance

Lundi, le Premier ministre britannique va prendre la parole pour remettre sur la table un sujet explosif : la réforme complète du système de protection sociale. Pas une simple retouche budgétaire, mais une refonte profonde d’un modèle qu’il juge lui-même « défaillant ».

Ses mots, dévoilés en avant-première par Downing Street, ne laissent aucune place au doute.

« Nous devons affronter la réalité : notre État providence piège les gens, pas seulement dans la pauvreté, mais hors de l’emploi. »

Cette phrase résume à elle seule l’ambition – et le risque politique – du projet.

Un été mouvementé et une majorité rebelle

Il y a quelques mois à peine, le gouvernement travailliste avait déjà tenté d’imposer des restrictions sur certaines aides. Résultat ? Une fronde historique de plus de 120 députés de sa propre majorité. Le texte avait dû être largement édulcoré pour éviter une humiliation parlementaire.

Cette fois, Keir Starmer semble vouloir jouer plus gros. Malgré des sondages en berne et une opposition conservatrice qui l’accuse de tout sauf de stimuler la croissance, il choisit de remettre le sujet au centre.

Pourquoi maintenant ? Parce que les chiffres sont devenus impossibles à ignorer.

Les jeunes, première victime du système actuel

Le Royaume-Uni bat actuellement son record historique de personnes en incapacité de longue durée. Et la tranche d’âge la plus touchée ? Les 18-34 ans.

On parle de centaines de milliers de jeunes adultes qui, pour des raisons de santé mentale ou physique, se retrouvent exclus du monde du travail pendant des années, parfois des décennies. Un phénomène amplifié depuis la pandémie, mais dont les racines sont bien plus anciennes.

Keir Starmer parle d’un véritable « cycle de chômage et dépendance » qui se transmet presque de génération en génération dans certaines régions.

« Cela coûte de l’argent au pays, nuit à notre productivité, mais surtout prive le pays d’opportunités et de son potentiel. »

Un budget impopulaire mais salué par les marchés

Mercredi dernier, la ministre des Finances Rachel Reeves a présenté un budget comprenant d’importantes hausses d’impôts, notamment sur les cotisations patronales, pour financer des mesures de pouvoir d’achat.

Paradoxalement, les marchés ont plutôt bien accueilli ces annonces, signe que la crédibilité budgétaire du gouvernement reste intacte. Mais dans l’opinion, c’est une tout autre histoire.

Les conservateurs accusent Rachel Reeves d’avoir délibérément noircit le tableau des finances publiques pour justifier ces augmentations. Accusation qu’elle a fermement rejetée.

Déréglementation : le geste vers les entreprises

Conscient des critiques du monde des affaires, Keir Starmer doit également annoncer lundi son intention d’alléger certaines contraintes réglementaires pesant sur les entreprises.

Un signal fort après les hausses de cotisations patronales de l’an dernier, vivement critiquées par le patronat britannique qui y voyait un frein à l’embauche et à l’investissement.

Le message est clair : oui, nous augmentons certains prélèvements, mais nous allons aussi libérer des énergies du côté de l’offre.

Un pari politique à très haut risque

En choisissant de relancer ce dossier maintenant, Keir Starmer prend un risque considérable. Sa majorité, déjà fracturée sur ce sujet, pourrait de nouveau se rebeller. Et dans les sondages, le Labour continue de perdre du terrain.

Mais le Premier ministre semble convaincu que le statu quo est encore plus dangereux. Rester les bras croisés face à l’explosion des dépenses sociales et à l’effondrement de la participation au marché du travail, ce serait condamner toute une génération.

Le discours de lundi sera donc sera scruté à la loupe. Tiendra-t-il ses promesses de réforme profonde ? Parviendra-t-il à rallier sa majorité ? Ou devra-t-il, une nouvelle fois, reculer face à la pression interne ?

Une chose est sûre : le débat sur l’avenir de l’État providence britannique est relancé. Et cette fois, Keir Starmer semble prêt à aller jusqu’au bout.

Le Royaume-Uni se trouve à un carrefour. Rester sur le modèle généreux mais coûteux hérité des années Blair, ou engager une rupture libérale-sociale à la scandinave, où les aides sont conditionnées à un retour rapide vers l’emploi ? Keir Starmer a choisi son camp.

La semaine prochaine nous dira si le Parlement britannique est prêt à la hauteur de ce défi historique.

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