C’est une annonce qui a fait l’effet d’une bombe. Le président américain Joe Biden a finalement décidé de jeter l’éponge et de ne pas se représenter en 2024, ouvrant une nouvelle page dans la vie politique américaine. Un séisme dont sa vice-présidente Kamala Harris pourrait bien sortir gagnante, elle qui a immédiatement reçu le soutien appuyé de Biden pour briguer l’investiture démocrate. Mais à en croire les derniers sondages, le chemin s’annonce semé d’embûches pour celle qui rêve de devenir la première femme présidente des États-Unis.
Harris en pole position, mais Trump favori des sondages
Depuis l’annonce du renoncement de Joe Biden, plusieurs enquêtes d’opinion ont été menées pour mesurer les chances des différents prétendants démocrates à sa succession. Et sans surprise, Kamala Harris apparaît comme la grande favorite. Adoubée par le président sortant, portée par son statut de première femme vice-présidente, elle devance largement les autres candidats potentiels comme Pete Buttigieg ou Gavin Newsom.
Mais ces sondages, réalisés dans la foulée de la décision de Biden, n’avaient pas encore pris en compte l’entrée en lice probable de Donald Trump. Et les plus récentes enquêtes, intégrant l’ancien président, sont beaucoup moins favorables à Harris. Selon la moyenne des sondages établie par ABC, Trump devance Harris de 4 points, avec 46% des intentions de vote contre 42% pour l’actuelle vice-présidente.
L’ombre du débat raté de Biden
Mais si l’on se concentre sur les dernières études réalisées après le débat calamiteux de Joe Biden face à Trump, qui a en partie précipité sa décision de se retirer, l’écart se resserre. Toujours selon la moyenne d’ABC, Trump ne devance plus Harris que de 1,5 point. Un mince avantage qui pourrait rapidement s’évaporer si la vice-présidente parvient à se démarquer lors de sa campagne.
Autre inconnue : l’hypothèse d’une troisième candidature, comme celle du candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr. Selon un sondage prenant en compte ce scénario, Trump l’emporterait là aussi d’une courte tête avec 48% des voix, contre 47% pour Harris. Autant dire que la moindre voix comptera dans cette élection qui s’annonce d’ores et déjà très serrée.
Harris pourrait faire mieux que Biden dans certains États clés
Malgré ce relatif handicap dans les sondages, Kamala Harris dispose de plusieurs atouts dans sa manche. Comme le souligne le New York Times, la vice-présidente pourrait faire de meilleurs scores que Biden dans certains États clés comme la Virginie. Sa popularité auprès des jeunes, des femmes et des électeurs afro-américains représente un vrai potentiel pour faire basculer l’élection en sa faveur.
En avril encore, les sondages laissaient penser que Kamala Harris était largement en retrait par rapport à Joe Biden, mais elle a gagné du terrain dans les sondages récents.
– The New York Times
Un soutien encore fragile des démocrates
Le seul véritable point noir pour Harris reste le soutien encore fragile qu’elle reçoit au sein de son propre camp. Selon un sondage Ipsos, si 70% des sympathisants démocrates se disent satisfaits d’une candidature Harris, ils ne sont que 29% à la choisir si on leur laisse le choix parmi différents prétendants. Un autre sondage YouGov indique qu’elle recueille 73% d’opinions favorables, loin devant les autres candidats testés, mais aussi le plus fort taux de désapprobation.
Autant de signaux contradictoires qui laissent présager une primaire démocrate très disputée. D’autant que tous les ténors du parti ne se sont pas encore prononcés, à l’image de l’ancien président Barack Obama qui a soigneusement évité de citer Harris dans son communiqué faisant suite au retrait de Biden.
Tentative d’assassinat de Trump : un tournant dans la campagne ?
Enfin, impossible de ne pas évoquer le choc provoqué par la tentative d’assassinat dont a été victime Donald Trump il y a quelques jours. Si l’ancien président s’en est sorti indemne, cet événement pourrait profondément bouleverser la dynamique de la campagne et rebattre les cartes entre les candidats.
Selon les premières enquêtes réalisées depuis l’incident, le soutien à Trump semble s’être renforcé dans son électorat, mu par un réflexe de solidarité. Un phénomène qui pourrait cependant s’estomper avec le temps, à mesure que l’émotion retombera. Mais cela montre que cette présidentielle est plus que jamais imprévisible, et que le moindre événement peut faire basculer le scrutin d’un côté ou de l’autre.
Dans ce contexte, les prochains mois s’annoncent décisifs pour Kamala Harris. Si sa candidature semble en bonne voie, elle devra démontrer sa capacité à relever les nombreux défis qui l’attendent. Rassembler les démocrates, séduire les indécis, et surtout tenir tête à un Donald Trump plus déterminé que jamais à reconquérir la Maison-Blanche. Un véritable parcours du combattant.