Les cartes sont à nouveau rebattues dans la folle course à la Maison Blanche. En se retirant, le président Joe Biden a tiré la seule conclusion logique d’une cruelle réalité politique : affaibli par les doutes sur ses capacités cognitives et physiques, il n’existait plus de chemin vers la victoire pour les démocrates avec lui. Son maintien risquait de réaliser leur pire cauchemar : donner les pleins pouvoirs à Donald Trump en perdant à la fois la présidence et le Sénat.
C’est désormais vers sa vice-présidente Kamala Harris que tous les regards se tournent. Propulsée favorite pour décrocher l’investiture démocrate, elle incarne un fragile espoir pour son camp de reconquérir la Maison Blanche en 2024. Pourtant, cette pionnière, première femme et première personne noire ou d’origine asiatique à accéder à la vice-présidence, reste un drôle d’animal politique.
Un début de campagne calamiteux en 2020
Lorsqu’elle se lance dans la course à l’investiture démocrate fin 2019, rien ne semble arrêter son ascension fulgurante. Mais sa campagne tourne vite au désastre. Après une prestation ratée lors d’un débat télévisé contre Joe Biden, elle s’effondre dans les sondages. Faute de financements, la sénatrice de Californie jette l’éponge au bout d’à peine 11 mois, avant même le premier vote de la primaire.
Quelques mois plus tard, coup de théâtre. Biden la choisit comme colistière, faisant d’elle la première femme noire à briguer la vice-présidence. Malgré des débuts compliqués à ses côtés, elle rentre dans l’Histoire en janvier 2021.
Des faux pas à répétition
Mais au cours de ses deux premières années de mandat, la vice-présidente peine à trouver ses marques et à séduire les Américains. Souvent maladroite dans ses prises de parole, elle accumule les gaffes et les moments de gêne, nourrissant les interrogations sur la solidité du ticket Biden-Harris.
Elle donne parfois l’impression de ne pas maîtriser ses dossiers et d’être dépassée, confient en privé certains démocrates inquiets.
La dernière carte des démocrates
Malgré ces faux pas, Kamala Harris apparaît aujourd’hui comme l’ultime recours de son parti. Son camp veut croire qu’elle sort grandie et transformée par son combat acharné pour défendre le droit à l’avortement depuis l’arrêt historique de la Cour suprême en juin 2022. Déterminée à en découdre avec les républicains, elle affûte ses arguments de campagne.
Mais la vice-présidente part avec un sérieux handicap : son impopularité. Selon les derniers sondages, seuls 40% des Américains ont une opinion favorable d’elle. Dans un pays extrêmement polarisé, le défi s’annonce immense pour élargir son socle électoral et l’emporter en cas de duel face à Trump.
La bataille pour la Maison Blanche promet d’être serrée et imprévisible. Portée par l’espoir de devenir la première femme présidente des États-Unis, Kamala Harris a encore 15 mois pour construire une dynamique victorieuse et se poser en rempart face à Trump. Mais gare aux surprises d’une campagne à haut risque, où le moindre faux pas se paiera cash. Son destin politique se jouera sur un fil.