InternationalSociété

Kadougli Assiégée : Panique Et Famine Au Soudan

À Kadougli, au cœur du Kordofan-Sud, les habitants vivent dans une terreur permanente : bombardements aléatoires, accusations d'espionnage des deux côtés, et une famine qui pousse à manger des fruits toxiques. Des enfants sont déjà morts empoisonnés. Comment survivent-ils encore dans cette ville totalement encerclée ? La suite est glaçante...

Imaginez-vous réveillé en sursaut par le sifflement d’un drone au-dessus de votre toit, sans savoir si le prochain obus va tomber sur votre maison ou celle du voisin. À Kadougli, capitale du Kordofan-Sud au Soudan, cette peur est le quotidien de milliers de civils pris au piège d’un siège impitoyable. Coincés entre deux feux, ils luttent chaque jour pour survivre dans une ville déclarée en état de famine par les Nations unies.

Depuis des semaines, la situation s’est brutalement aggravée. Les témoignages anonymes recueillis auprès d’habitants décrivent une réalité terrifiante : un encerclement total, des frappes imprévisibles et une pénurie qui pousse les familles à des choix désespérés. Cette ville, autrefois animée, est aujourd’hui un îlot isolé où la vie ne tient qu’à un fil.

Une ville encerclée et coupée du monde

Kadougli n’a plus aucune issue sûre. Les habitants parlent d’un siège complet, avec des positions ennemies visibles à l’œil nu sur les montagnes environnantes. L’artillerie lourde est déployée, prête à tirer. Une seule route permettait théoriquement de fuir vers le sud ou vers Dilling, une autre ville assiégée à plus de cent kilomètres au nord.

Mais cette voie a été fermée. Des combattants alliés aux paramilitaires ont coupé l’accès, rendant Kadougli totalement isolée du reste du pays. Plus aucun ravitaillement officiel n’entre. Les communications sont rompues : le réseau téléphonique est coupé, internet est rare et surveillé. Parler librement devient dangereux.

Les drones survolent régulièrement la ville. Récemment, une attaque a même coûté la vie à six Casques bleus bangladais. Pour les civils, chaque sortie est un pari mortel. Rester chez soi n’offre aucune garantie : les obus tombent au hasard, sans distinction entre objectifs militaires et quartiers résidentiels.

La peur permanente des bombardements

« Nous vivons dans la peur d’un bombardement aveugle », confie un habitant. Les deux camps tirent des obus lourds de temps à autre, sans précision. Les balles perdues pleuvent parfois sur les toits. Les attaques arrivent sans avertissement, touchant indifféremment les zones civiles.

Les familles restent confinées. Sortir pour chercher de l’eau ou de la nourriture expose à la mort immédiate. Les enfants ne jouent plus dehors. Les rues sont désertes, comme figées dans l’attente de la prochaine explosion.

Chacun reste désormais confiné chez soi, Kadougli est encerclée de toutes parts. Nous sommes incapables de quitter la ville sans risquer nos vies.

Cette immobilité forcée accentue le sentiment d’impuissance. Les habitants voient les combattants postés sur les hauteurs, mais ne peuvent rien faire. L’angoisse est constante : quand viendra la prochaine salve ?

Menacés par les deux belligérants

Le pire n’est pas seulement les tirs. Les civils se sentent en danger des deux côtés. Les autorités pro-armée contrôlent la ville et surveillent étroitement la population. Toute suspicion d’espionnage pour les paramilitaires ou leurs alliés peut valoir l’arrestation, la prison, voire l’exécution sommaire.

Inversement, les paramilitaires et leurs alliés accusent parfois les habitants de collaborer avec l’armée régulière. Être pris entre ces deux feux transforme chaque interaction en risque mortel. Parler à un voisin peut être interprété comme une trahison.

Un témoin explique que cette double menace augmente l’anxiété au quotidien. Personne ne se sent en sécurité, ni dans la rue, ni chez soi. La méfiance empoisonne les relations entre habitants.

Nous nous sentons tout aussi menacés par le gouvernement et les Forces armées, car on nous accuse souvent d’espionner. Cela accroît notre anxiété, car nous nous sentons en danger en permanence.

Une famine réelle et dévastatrice

Les Nations unies ont officiellement déclaré Kadougli en état de famine. Les témoignages confirment : la grande majorité des familles est touchée. Les approvisionnements arrivent au compte-gouttes, en contrebande, à des prix inabordables pour la plupart.

Les quantités sont infimes, loin de couvrir les besoins. Les produits de première nécessité manquent cruellement : nourriture, médicaments, eau potable. Le sorgho local est devenu la base de l’alimentation, quand il y en a.

Certaines familles cultivent quelques légumes dans leur cour. Mais pour beaucoup, la seule solution reste la forêt environnante. Ils y cherchent ce qu’ils peuvent : feuilles, racines, fruits sauvages. Un acte désespéré qui expose à de nouveaux dangers.

Les risques mortels de la cueillette

Forager dans la forêt n’est pas anodin. Les zones sont proches des lignes de front. Une sortie peut croiser une patrouille ou déclencher un tir. Mais la faim pousse à prendre ce risque.

Le drame le plus terrible reste les empoisonnements. Certains fruits ou plantes sont toxiques. Un habitant raconte l’histoire bouleversante de quatre frères et sœurs, âgés de quatre à douze ans, morts après avoir mangé le fruit d’un arbre inconnu. Ils n’avaient rien d’autre.

Ces enfants ont été enterrés au cimetière local. Ce souvenir hante les survivants et illustre la brutalité de la situation. Quand la faim devient plus forte que la peur, les conséquences peuvent être fatales.

Quatre frères et sœurs âgés de quatre à douze ans sont morts après avoir consommé le fruit d’un arbre toxique, n’ayant rien d’autre à manger. Ce souvenir restera gravé dans mon esprit.

D’autres familles en sont réduites à la mendicité. Les plus vulnérables – enfants, personnes âgées, malades – sont les premières victimes de cette pénurie généralisée.

L’impact psychologique du siège prolongé

Au-delà des privations physiques, le siège pèse lourdement sur le moral. L’isolement total amplifie le sentiment d’abandon. Les habitants savent que le monde extérieur continue, mais Kadougli semble oubliée.

La peur constante use les nerfs. Les nuits sont courtes, entrecoupées par les bruits de tirs ou d’explosions lointaines. Les jours se ressemblent : attendre, espérer un ravitaillement miracle, compter les réserves qui diminuent.

Les enfants grandissent dans cet environnement toxique. Ils apprennent très tôt à reconnaître le son d’un drone ou d’un obus. Leur innocence est volée par la guerre.

Une escalade de violence sans fin visible

Les dernières semaines ont marqué une nette dégradation. Les frappes de drones se multiplient. L’artillerie est plus active. Les deux camps semblent déterminés à contrôler ce territoire stratégique, quel qu’en soit le prix humain.

Les agences onusiennes parlent d’une « escalade brutale de la violence ». Les civils paient le tribut le plus lourd. Coincés géographiquement et politiquement, ils n’ont aucun moyen d’influencer le cours du conflit.

La communauté internationale observe, alerte, mais les aides peinent à parvenir jusqu’à Kadougli. Le blocus rend toute intervention humanitaire quasi impossible.

Réalité quotidienne à Kadougli :

  • Encerlement total par les forces paramilitaires et leurs alliés
  • Bombardements et tirs aléatoires des deux côtés
  • Accusations mutuelles d’espionnage menant à des arrestations
  • Pénuries extrêmes de nourriture et de médicaments
  • Recours dangereux à la cueillette en forêt
  • Famine touchant la majorité des familles
  • Isolement complet : aucune route praticable, communications coupées

Cette liste, bien que froide, reflète la dureté du quotidien. Chaque point cache des histoires personnelles, des familles brisées, des espoirs qui s’amenuisent.

Les habitants interrogés terminent souvent sur une question : « Que va-t-il se passer ? » Personne n’a de réponse. La famine progresse, la violence ne faiblit pas. Sans intervention extérieure massive, Kadougli risque de sombrer davantage dans le chaos.

Pourtant, malgré tout, la vie persiste. Les familles s’organisent comme elles peuvent, partagent le peu qu’elles ont, protègent leurs enfants. Cette résilience face à l’horreur force le respect et rappelle l’incroyable capacité humaine à endurer.

Mais jusqu’à quand ? La situation à Kadougli est un cri d’alarme. Derrière les statistiques et les rapports officiels se cachent des milliers de vies suspendues à l’espoir d’un cessez-le-feu ou d’un couloir humanitaire. En attendant, la panique et la faim continuent de régner.

(Note : Cet article s’appuie exclusivement sur des témoignages anonymes d’habitants recueillis dans des conditions de grande précarité. Leur courage à partager leur réalité mérite d’être souligné.)

Le conflit au Soudan, dans sa complexité, continue d’engendrer des drames humains profonds. Kadougli n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais son isolement extrême en fait un symbole particulièrement poignant de la souffrance civile dans les zones assiégées.

Espérons que ces voix, même anonymes, contribuent à maintenir l’attention sur cette crise oubliée et poussent à une action concrète pour soulager la population prise au piège.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.