Une polémique enfle autour de Kadir Mebarek, maire de Melun affilié au parti Horizons. Une vidéo devenue virale le montre s’adressant à la communauté algérienne en des termes qui soulèvent des interrogations sur sa posture d’élu de la République. Face à la controverse, l’édile dénonce une manœuvre visant à le déstabiliser, pointant du doigt sa binationalité franco-algérienne comme motif de cette attaque.
Des propos polémiques sur sa “fierté algérienne”
Dans la séquence incriminée, on entend Kadir Mebarek déclarer avec emphase : “Nous les Algériens, nous sommes fiers de nos racines. Cette fierté, je la porterai toujours en moi, même en tant que maire.” Des paroles qui ont rapidement enflammé les réseaux sociaux, bon nombre d’internautes questionnant la légitimité de l’élu à exercer son mandat.
Beaucoup soulignent le paradoxe entre son désir de “ne pas être un élu de la diversité” et son attachement marqué à la communauté algérienne.
– Réactions sur les réseaux sociaux
Le maire dénonce une “tentative de déstabilisation”
Devant l’ampleur de la polémique, Kadir Mebarek a vivement réagi, fustigeant “une tentative de déstabilisation” : “On est toujours en train d’essayer de trouver un argument, un indice, que je ne suis pas suffisamment Français aux yeux de certains. Ils veulent prétexter que je n’ai pas la légitimité d’être un élu”, a-t-il déploré, visiblement agacé par cette remise en cause.
Le maire de Melun a rappelé que comme des millions de Français, il possède “une histoire familiale” liée à l’immigration, soulignant qu’“elle aurait pu être italienne, polonaise, portugaise…”. Il regrette amèrement que le simple fait de prononcer le mot “Algérien” suffise à déclencher une telle levée de boucliers.
Un parcours d’intégration exemplaire mis en cause
Ironie de l’histoire, le parcours de Kadir Mebarek était jusqu’ici salué comme un modèle d’intégration républicaine. Fils de parents analphabètes qui l’ont poussé à “travailler et réussir”, il a gravi les échelons jusqu’à être élu maire de sa ville natale en 2023, à 48 ans.
Je ressens une grande fierté, surtout de par le parcours de mon père. Merci à mes parents !
– Kadir Mebarek, octobre 2023
Diplômé de l’Institut de droit de Melun puis de l’université Paris II-Assas, cet avocat spécialisé en droit européen des affaires rejetait jusqu’ici l’étiquette d’“élu de la diversité”, se définissant comme “un élu français, un élu de la République”, à “l’image de notre ville, très diverse”.
Quand la binationalité enflamme le débat
Ce n’est pas la première fois que les origines de Kadir Mebarek sont pointées du doigt. Récemment, son arrêté limitant la vente d’alcool dans les supérettes de Melun avait déjà suscité des commentaires acerbes de la fachosphère, l’accusant d’agir par convictions religieuses. “Ils ont l’air de dire que je cacherai quelque chose. Ils disaient : ‘En même temps, c’est normal qu’il veuille interdire l’alcool vu ses origines'”, rapporte-t-il dépité.
L’annonce de la prochaine ouverture d’un consulat algérien à Melun a également suscité des critiques, certains élus locaux comme Denis Jullemier (LR) y voyant “un mauvais signal” pour la ville, “déjà fortement impactée par une politique migratoire qui fragilise la mixité sociale”. Un dossier sensible de plus pour le maire, qui veut croire que “ce genre de discours” ne trompera pas “les gens les plus fragiles”.
Alors que le débat s’envenime, Kadir Mebarek doit désormais naviguer en eaux troubles, tiraillé entre sa volonté d’incarner une République unie et apaisée et les polémiques incessantes sur son identité mixte, symbole des fractures françaises. Un défi de taille pour ce maire qui ambitionne de “parler à tous les mondes” qui composent sa ville.