L’archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel de l’Eglise anglicane et de ses 85 millions de fidèles à travers le monde, a annoncé mardi sa démission. Cette décision fait suite à la publication d’un rapport accablant sur la gestion par l’institution d’un scandale d’agressions physiques et sexuelles touchant environ 130 jeunes garçons entre les années 1970 et 2010.
Une figure médiatique au franc-parler
Depuis sa nomination comme archevêque de Canterbury en 2013, Justin Welby était devenu un visage familier des Britanniques. Avec ses lunettes fines et son crâne dégarni, il a été de tous les grands événements royaux de la dernière décennie : des baptêmes des enfants de William et Kate au mariage de Harry et Meghan, en passant par les funérailles d’Elizabeth II et le couronnement de Charles III.
Mais au-delà de son rôle protocolaire, l’archevêque s’est surtout fait connaître pour ses prises de position engagées. N’hésitant pas à critiquer la politique du gouvernement, il s’est notamment élevé contre le Brexit, le projet d’expulsion de demandeurs d’asile au Rwanda ou encore le racisme au sein de l’Eglise.
Un parcours peu conventionnel
Pourtant, rien ne prédestinait Justin Welby à une carrière ecclésiastique. Après des études à Eton et Cambridge, il a d’abord travaillé 11 ans dans le secteur pétrolier, notamment pour Elf Aquitaine à Paris. C’est un “appel inéluctable” de Dieu qui l’a poussé à tout quitter en 1989 pour étudier la théologie.
“Ne t’en fais pas, c’est Dieu”, aurait-il lancé à son patron qui s’inquiétait de le voir partir chez un concurrent.
Ordonné diacre en 1992, il connaît ensuite une ascension fulgurante au sein de l’Eglise d’Angleterre, devenant évêque en moins de 10 ans. Sa nomination comme archevêque de Canterbury l’a cependant pris par surprise, a-t-il reconnu.
Entre confidences personnelles et polémiques
Marié et père de 5 enfants, Justin Welby s’est livré à plusieurs reprises sur sa vie privée, évoquant sa prise d’antidépresseurs, son enfance avec des parents alcooliques ou encore la découverte tardive de l’identité de son père biologique, ancien secrétaire de Winston Churchill.
Son soutien à la bénédiction de couples homosexuels par l’Eglise a aussi suscité une vive polémique, conduisant des archevêques de pays conservateurs à rejeter son autorité. Le scandale d’agressions qui a finalement eu raison de son poste n’a fait qu’accentuer les critiques sur sa gouvernance.
Si son bilan apparaît contrasté, Justin Welby aura marqué de son empreinte les 10 années passées à la tête de l’Eglise d’Angleterre. Son style direct et ses engagements progressistes auront au moins eu le mérite de bousculer une institution pluricentenaire souvent perçue comme déconnectée de la société.
