Un séisme ébranle l’Église d’Angleterre. Justin Welby, primat des anglicans depuis 2013 et visage familier des Britanniques, a annoncé sa démission ce mardi. Cette décision intervient dans le sillage d’un rapport accablant, pointant du doigt la dissimulation par l’institution religieuse d’un scandale d’agressions physiques et sexuelles perpétrées par un avocat lié à l’Église.
Une institution ébranlée
Selon des sources proches du dossier, le rapport met en lumière les agissements de John Smyth, avocat décédé en 2018, qui aurait agressé plus de 130 garçons et jeunes hommes entre les années 1970 et le milieu des années 2010, dans le cadre de ses activités avec l’Église d’Angleterre. Des faits odieux, qualifiés par Justin Welby lui-même d’«abominables», et qui auraient été couverts par un voile de silence.
Si le sommet de l’Église affirme n’avoir été officiellement informé qu’en 2013, l’enquête révèle que certains responsables du culte étaient au courant dès le début des années 1980. Une «campagne de dissimulation» qui aurait permis à John Smyth de poursuivre ses méfaits, notamment en Afrique où il s’était installé, laissant derrière lui un sillage de vies brisées.
Un archevêque face à ses responsabilités
Dans son communiqué de démission, Justin Welby assume «la responsabilité personnelle et institutionnelle de la longue période traumatisante» qui s’est écoulée depuis 2013, date à laquelle il a pris ses fonctions. Il admet que l’archevêque de Canterbury «aurait pu et dû» signaler à la police les violences commises par l’avocat dès cette époque.
Il est très clair que je dois assumer la responsabilité personnelle et institutionnelle de la longue période traumatisante qui s’est écoulée entre 2013 et 2024.
Justin Welby, Archevêque de Canterbury
Une prise de conscience tardive, alors que l’affaire n’a éclaté publiquement qu’en 2017, après la diffusion d’un documentaire par la chaîne Channel 4. Mais pour Justin Welby, cette démission est aussi un symbole fort, censé montrer «à quel point l’Église d’Angleterre comprend la nécessité d’un changement, et notre engagement profond à créer une Église plus sûre».
L’avenir incertain de l’Église anglicane
Ce scandale et le départ de son chef spirituel plongent l’Église d’Angleterre, Église-mère de la communion anglicane et ses 85 millions de fidèles à travers le monde, dans une période de troubles et d’incertitudes. Alors que la confiance des croyants est ébranlée, l’institution va devoir se réinventer pour regagner en crédibilité et panser les plaies du passé.
Un défi de taille pour celui ou celle qui succédera à Justin Welby, figure emblématique qui a officié lors des grands événements royaux de la dernière décennie, des funérailles d’Elizabeth II au couronnement de Charles III. Mais au-delà du symbole, c’est tout un système qui doit être repensé pour que plus jamais, le silence ne soit complice de l’horreur.
