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Journalistes de 20 Minutes en guerre contre leur direction !

C’est une véritable bombe qui vient de secouer le monde des médias français. Chez 20 Minutes, quotidien gratuit emblématique, la grogne des journalistes a finalement explosé au grand jour. Excédés par des négociations salariales au point mort concernant les droits voisins, une quarantaine de journalistes, épaulés par les syndicats CGT et CFDT, ont décidé de poursuivre leur propre direction en justice. Un cas inédit qui met en lumière les difficultés chroniques traversées par la presse écrite.

Le nouveau champ de bataille des rédactions : les droits voisins

Mais que sont exactement ces fameux droits voisins qui cristallisent tant de tensions ? Instaurés par une directive européenne en 2019, ils permettent aux éditeurs de presse d’être rémunérés lorsque leurs contenus sont repris sur les plateformes numériques et moteurs de recherche, comme Google ou Facebook. Une manne financière cruciale censée assurer la survie d’une presse fragilisée par la crise et la baisse des revenus publicitaires.

Mais voilà, chez 20 Minutes, le partage de ce pactole fait grincer des dents en interne. Selon les syndicats, la direction proposerait de ne reverser que 3% des sommes perçues à ses journalistes, contre 18% recommandés par une commission paritaire. Un écart abyssal vécu comme une provocation par une rédaction déjà échaudée par un plan social et l’arrêt annoncé de l’édition papier.

La direction brandit continuellement le chiffon rouge de la faillite et fait peser sur les salariés une responsabilité qui ne leur incombe pas.

– Communiqué intersyndical CGT-CFDT

Un journal gratuit dans la tourmente

Car derrière ce conflit social, c’est la survie même de 20 Minutes qui semble en jeu. Dernier rescapé des quotidiens gratuits après la disparition de Metro et CNews, le titre fondé par le norvégien Schibsted traverse une passe difficile. Malgré plusieurs restructurations, ses comptes peinent à retrouver l’équilibre, plombés par l’effondrement du marché publicitaire. Un marasme qui a poussé ses actionnaires, les groupes Rossel et Ouest-France, à acter la fin du papier pour se concentrer sur le numérique.

Un virage périlleux qui suscite l’inquiétude de la rédaction, déjà échaudée par les 36 suppressions de postes annoncées. Dans ce climat anxiogène, le bras de fer engagé sur les droits voisins prend une tournure existentielle. Pour beaucoup de journalistes, c’est un moyen vital de préserver leur indépendance et leur statut d’auteur face aux bouleversements du secteur.

Un combat emblématique pour toute la profession

Au-delà du cas 20 Minutes, cette lutte cristallise les tensions qui traversent toute la presse écrite française. Confrontés à une crise structurelle, de nombreux titres bataillent pour obtenir une juste rétribution des droits voisins, perçus comme une bouée de sauvetage. Un combat loin d’être gagné face à des plateformes rétives et des négociations souvent opaques.

  • Selon le SPIIL, seuls 14 éditeurs de presse avaient signé un accord droits voisins fin 2022
  • Les montants en jeu restent jalousement gardés secrets par les signataires
  • Google et Facebook contestent le principe même des droits voisins devant la justice européenne

Dans ce bras de fer incertain, l’action engagée par les journalistes de 20 Minutes fait figure de test. Son issue pourrait faire jurisprudence et inciter d’autres rédactions à hausser le ton pour obtenir un meilleur partage de la valeur. Avec en toile de fond l’avenir d’une presse fragilisée mais plus que jamais essentielle au débat démocratique.

Si nous voulons préserver un journalisme de qualité, indépendant et pluraliste, nous devons repenser urgemment son financement et la place des auteurs. Les droits voisins en sont un levier majeur.

– Brice Marcel, journaliste et membre du SPIIL

Le feuilleton 20 Minutes ne fait sans doute que commencer. Mais il illustre à quel point la bataille des droits voisins est cruciale pour l’avenir de la presse. Et comment derrière les questions de gros sous, c’est un certain idéal du journalisme qui se joue. Celui d’une information libre, exigeante, affranchie des pressions économiques. Un idéal plus que jamais à défendre.

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