Imaginez-vous seule, dans une petite boucherie de quartier, en train de poser discrètement des questions pour un reportage. Tout à coup, la porte se referme derrière vous, deux hommes vous barrent la sortie et l’un d’eux vous lance, le poing levé : « Wallah, j’vais te mettre une droite ! » C’est exactement ce qu’a vécu, le 26 novembre 2025, une journaliste italienne venue enquêter sur la place de l’islam en France.
Une simple question qui dégénère en séquestration
Costanza Tosi, envoyée spéciale d’une grande chaîne italienne, sillonnait la rue de Lannoy à Roubaix avec une caméra cachée dans son sac. Objectif : comprendre comment les commerces halal structurent certains quartiers et quelles visions de la société portent leurs propriétaires. Rien de bien méchant, en apparence.
Mais dès qu’elle entre dans cette boucherie, le ton monte immédiatement. Le propriétaire réalise qu’il est filmé sans autorisation. Au lieu d’appeler simplement la police, il décide de bloquer la porte et d’exiger le téléphone de la journaliste. Commence alors plus d’une heure de rétention forcée.
« Ils m’ont séquestrée. J’ai cru que je n’allais jamais ressortir vivante. »
Costanza Tosi, journaliste italienne
Les menaces filmées en caméra cachée
Les images tournées par la caméra dissimulée sont édifiantes. On y voit la journaliste tenter de garder son calme pendant que le fils du boucher lui montre son poing à quelques centimètres du visage. Les insultes pleuvent, les menaces de violence physique sont répétées.
- « Ferme-la ou je te éclate »
- « Tu sors pas d’ici tant que tu nous donnes pas le téléphone »
- « Wallah je vais te mettre une droite si tu continues »
La journaliste finit par céder son téléphone avec le code de déverrouillage pour pouvoir sortir. Promesse non tenue : même après avoir effacé les vidéos, les deux hommes continuent de la retenir.
La rue de Lannoy, symbole déjà connu des tensions
Le choix de cette artère n’est pas anodin. En janvier 2022, l’émission Zone interdite sur M6 avait déjà braqué ses caméras sur cette même rue de Lannoy, présentée comme un exemple de séparatisme islamiste. On y voyait des boutiques 100 % halal, des femmes voilées intégralement, des hommes refusant de serrer la main aux journalistes.
Trois ans plus tard, l’ambiance semble n’avoir guère évolué. Au contraire, la réaction violente face à une simple caméra cachée montre que la sensibilité reste extrême dès qu’on aborde la question de la visibilité de l’islam dans l’espace public.
Un climat d’impunité grandissant ?
Ce qui choque particulièrement dans cette affaire, c’est le sentiment d’appeler les forces de l’ordre. À la place, le boucher et son fils choisissent la loi du plus fort : séquestration, menaces, vol de matériel. Un mode opératoire qui rappelle d’autres incidents ces dernières années dans certaines banlieues.
La journaliste a porté plainte pour séquestration, menaces de mort et vol. Une enquête est en cours, mais nombreux sont ceux qui doutent que l’affaire aille jusqu’au bout, tant les plaintes pour des faits similaires dans ces quartiers aboutissent rarement à des condamnations lourdes.
La liberté de la presse en danger dans certains quartiers
Cet incident n’est malheureusement pas isolé. Depuis plusieurs années, les journalistes qui souhaitent enquêter sur le communautarisme, l’islam radical ou simplement la vie dans certains quartiers sensibles se heurtent à une hostilité croissante.
En 2021, une équipe de Quotidien avait déjà été agressée physiquement à Sevran. En 2023, des reporters de CNews s’étaient fait caillasser à Chanteloup-les-Vignes. À chaque fois, le même schéma : dès que la caméra est repérée, la situation dégénère.
La différence ici ? L’agression s’est déroulée à l’intérieur même du commerce, loin des regards, pendant plus d’une heure. Un degré supplémentaire dans l’intimidation.
Roubaix, laboratoire du séparatisme ?
Avec près de 30 % de sa population d’origine maghrébine et une forte présence salafiste, Roubaix est souvent citée comme l’une des villes françaises où le communautarisme musulman est le plus visible. Des quartiers entiers vivent au rythme de la charia auto-proclamée : alcool banni, femmes voilées, commerces exclusivement halal.
Certaines associations locales dénoncent régulièrement une « islamisation rampante ». D’autres, au contraire, parlent de simple expression culturelle dans des quartiers pauvres. Mais quand une journaliste se fait séquestrer pour avoir posé des questions, la frontière entre « expression culturelle » et « intimidation » devient très floue.
Et maintenant ?
Costanza Tosi est rentrée en Italie, choquée mais déterminée à diffuser son reportage. Elle a annoncé vouloir témoigner publiquement et porter l’affaire devant la justice française et européenne si nécessaire.
Cet événement pose, une fois de plus, la question de la liberté d’informer en France en 2025. Peut-on encore enquêter librement sur tous les sujets, dans tous les quartiers ? Ou certains territoires sont-ils devenus inaccessibles dès lors qu’on aborde la question religieuse ?
Une chose est sûre : l images de cette journaliste terrorisée dans une boucherie de Roubaix resteront comme un symbole douloureux de la tension que traverse une partie de la société française aujourd’hui.
Quand une simple caméra cachée déclenche une séquestration d’une heure avec menaces de violence, on est en droit de se demander jusqu’où ira l’intolérance face au regard extérieur sur certains quartiers.
La France de 2025 ressemble de plus en plus à un pays où la liberté d’expression s’arrête là où commence la sensibilité religieuse de certains. Et cela, aucun démocrate ne peut l’accepter sans réagir.









