Dans un rebondissement choquant, une cour d’appel du Guatemala a révoqué l’assignation à résidence du journaliste anticorruption José Rubén Zamora, exigeant son retour immédiat en prison. Cette décision survient à peine un mois après sa libération, suscitant l’indignation de nombreux défenseurs des droits de l’homme et de la liberté de la presse.
Un acharnement judiciaire contre un journaliste engagé
José Rubén Zamora, 68 ans, est le fondateur du journal El Periodico, connu pour ses enquêtes sur la corruption au sein du gouvernement guatémaltèque. Arrêté en juillet 2022, il avait passé plus de deux ans en détention pour des accusations de blanchiment d’argent, chantage et obstruction à la justice, accusations qu’il a toujours niées avec véhémence.
Malgré sa libération sous assignation à résidence le 19 octobre dernier, le parquet a fait appel de la décision, aboutissant à cette nouvelle ordonnance de retour en prison. José Zamora, le fils du journaliste, a dénoncé “un exemple de plus dans cette séquence d’abus et de décisions arbitraires” à l’encontre de son père.
Une procédure judiciaire entachée d’irrégularités
La condamnation initiale de José Rubén Zamora à six ans de prison en juin 2023 avait été annulée en appel. Cependant, il était resté incarcéré pour une autre affaire, soutenue par la controversée procureure générale Consuelo Porras. Cette dernière est considérée comme “corrompue” par les États-Unis et l’Union européenne.
De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’emprisonnement du journaliste, y compris les Nations Unies, Amnesty International et même l’actuel président du Guatemala, Bernardo Arévalo. Ce dernier a qualifié d'”abus de pouvoir” les poursuites engagées par le parquet contre Zamora.
Une fois de plus, on cherche à remettre José Rubén Zamora en prison de manière tout à fait abusive et arbitraire.
– Bernardo Arévalo, Président du Guatemala
Un combat pour la liberté d’expression
Pour José Rubén Zamora, son emprisonnement est une vengeance pour avoir révélé des scandales de corruption sous le gouvernement de l’ex-président Alejandro Giammattei et critiqué la procureure générale Consuelo Porras. Il affirme être innocent et victime de persécution en raison de son travail journalistique.
Son cas est devenu emblématique de la lutte pour la liberté de la presse au Guatemala. De nombreuses organisations internationales, comme Reporters sans frontières, ont dénoncé les attaques répétées contre les journalistes dans le pays et appelé à la libération immédiate de Zamora.
Un avenir incertain pour le journaliste
Malgré la pression internationale, José Rubén Zamora doit maintenant retourner derrière les barreaux dans les 48 heures. Sa défense a fait appel de la décision, mais l’issue reste incertaine. Le journaliste a déclaré qu’il ne quitterait pas son domicile et qu’il accompagnerait les autorités “où elles voudront” si elles venaient l’arrêter.
Ce nouveau rebondissement dans l’affaire Zamora soulève de sérieuses questions sur l’indépendance de la justice guatémaltèque et les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression dans le pays. De nombreux observateurs craignent que ce cas ne soit que la partie émergée de l’iceberg, révélant un système judiciaire corrompu et instrumentalisé pour faire taire les voix critiques.
Alors que José Rubén Zamora s’apprête à retourner en prison, la mobilisation internationale se poursuit pour exiger sa libération et la fin des persécutions contre les journalistes au Guatemala. Cette affaire est devenue un symbole de la lutte pour la liberté de la presse et la défense de la démocratie face à la corruption et à l’autoritarisme.