Un vent nouveau souffle sur les relations entre les mouvements conservateurs américains et européens. Jordan Bardella, jeune président du Rassemblement National, a été invité à prendre la parole lors de la prochaine édition de la Conservative Political Action Conference (CPAC), qui se tiendra du 21 au 24 février à Washington D.C. Cette grand-messe annuelle du conservatisme américain rassemble jusqu’à 10 000 participants et accueille les plus grandes figures des différents courants de la droite américaine.
Un signal fort d’un rapprochement transatlantique
L’invitation de Jordan Bardella à ce rendez-vous incontournable n’est pas anodine. Elle marque une volonté de rapprochement entre les droites nationalistes européennes et le mouvement conservateur américain, dans le sillage de l’élection de Donald Trump qui a bouleversé le paysage politique international. Comme l’a souligné Marine Le Pen lors d’un rassemblement à Madrid début février, « le monde et l’Europe vivent une accélération de l’histoire » depuis l’avènement du trumpisme.
Des ponts se créent entre les figures de l’extrême droite
Au-delà de l’intervention très attendue de Jordan Bardella à la CPAC, d’autres signes d’un rapprochement émergent. Marine Le Pen était présente début février à Madrid pour un grand raout des leaders de la droite nationaliste européenne, aux côtés du parti espagnol Vox. La veille, ces dirigeants avaient dîné avec Kevin Roberts, président du think tank ultra-conservateur américain The Heritage Foundation.
Dans le même temps, le vice-président américain JD Vance a rencontré à Munich Alice Weidel, la candidate à la chancellerie du parti d’extrême droite allemand AfD. Quelques jours plus tôt, le milliardaire Elon Musk avait apporté son soutien à l’AfD, affirmant que ce parti était « le meilleur espoir pour l’Allemagne » lors d’une intervention par vidéo à un meeting.
La droite radicale européenne cherche une stature internationale
Pour les partis nationalistes européens comme le RN en France, Vox en Espagne ou l’AfD en Allemagne, tisser des liens avec les conservateurs américains est un moyen de gagner en crédibilité et en influence sur la scène internationale. C’est aussi l’occasion de s’inspirer des recettes qui ont fait le succès de Donald Trump, en misant sur les réseaux sociaux et en cultivant une image antisystème.
Nous sommes en face d’un véritable basculement. L’UE semble en état de sidération.
Marine Le Pen, lors du rassemblement de la droite nationaliste européenne à Madrid le 8 février
Alors que l’Union Européenne paraît déstabilisée par la montée des populismes, la droite radicale sent que son heure est venue. En multipliant les passerelles avec les conservateurs américains, elle espère peser davantage dans le débat public et imposer ses thèmes de prédilection comme l’immigration et l’identité nationale.
Vers une internationale nationaliste ?
Si les échanges se multiplient entre droites radicales des deux côtés de l’Atlantique, peut-on pour autant parler d’une internationale nationaliste en formation ? Pour l’heure, les convergences idéologiques ne gomment pas certaines différences de fond, notamment sur les questions économiques et sociales.
Mais le sentiment d’une communauté de destin semble l’emporter. Dénonçant le « globalisme » et le « politiquement correct », les nationalistes européens et américains se voient comme les fers de lance d’une contre-révolution conservatrice. La présence de Jordan Bardella à la CPAC témoigne de cette dynamique en marche, qui pourrait redistribuer les cartes du jeu politique mondial dans les années à venir.