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John Textor Autorisé à Faire Appel contre Iconic

La justice britannique vient d’accorder à John Textor le droit de faire appel contre le fonds Iconic, qui exige 93,6 millions de dollars pour ses parts dans l’OL. Si l’appel aboutit, Textor ne paiera rien… mais en cas d’échec, les conséquences pourraient être dramatiques pour tout son empire footballistique. Que va-t-il se passer maintenant ?

Imaginez un instant que votre empire sportif, bâti sur plusieurs continents, vacille à cause d’un contrat signé il y a trois ans. C’est exactement la situation dans laquelle se trouve John Textor, propriétaire de l’Olympique Lyonnais, depuis que le fonds américain Iconic lui réclame plus de 90 millions de dollars. Mais ce lundi, un espoir est né outre-Manche.

Un appel autorisé : un tournant décisif pour John Textor

La justice britannique a tranché en faveur de l’homme d’affaires américain. Elle lui accorde le droit de faire appel d’une décision rendue en octobre qui donnait raison, en première instance, au fonds Iconic. Cette autorisation n’est pas anodine : le juge estime qu’il existe une réelle perspective de succès pour Textor.

En clair, si cet appel aboutit, John Textor pourrait ne rien devoir payer du tout. À l’inverse, une défaite définitive le contraindrait à racheter les parts d’Iconic avec des intérêts cumulés qui dépassent aujourd’hui les 93 millions de dollars. Un montant qui pourrait sérieusement fragiliser sa structure multi-clubs.

Retour sur les origines du conflit

Fin 2022, John Textor finalise le rachat de l’Olympique Lyonnais via sa holding britannique Eagle Football. Pour boucler l’opération, il a besoin de capitaux frais. Le fonds Iconic entre alors en scène et injecte 75 millions de dollars en échange de 15,7 % du capital d’Eagle.

L’accord prévoit une introduction en bourse rapide à New York. Une promesse qui devait permettre à Iconic de sortir avec une belle plus-value. Sauf que cette cotation n’a jamais eu lieu. Le fonds considère donc que le contrat n’a pas été respecté et active une clause de rachat forcé de ses parts, assortie d’intérêts à 11 % par an.

De son côté, Textor refuse catégoriquement. Il argue que le contrat a été mal exécuté par Iconic et que le fonds doit rester actionnaire minoritaire. Un désaccord total qui a fini devant les tribunaux britanniques.

Une décision de première instance défavorable

Le 17 octobre dernier, la Cour commerciale de Londres donne raison à Iconic dans une procédure préliminaire. Textor tentait alors d’obtenir un jugement déclarant le litige clos avant même d’entrer dans le fond du dossier. Raté. La décision obligeait potentiellement l’Américain à honorer le rachat des parts.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Ses avocats saisissent immédiatement la cour d’appel. Et c’est ce recours qui vient d’être validé ce 3 décembre, avec une ordonnance qui reconnaît la solidité d’au moins un des arguments avancés par Textor.

« La Cour a aujourd’hui accordé à Textor l’autorisation de faire appel, estimant qu’il y avait une réelle perspective de succès »

Communiqué des conseillers de John Textor

Les arguments qui pourraient tout faire basculer

Selon les conseils de John Textor, si l’appel est gagné sur ce point précis, leur client ne sera pas obligé d’acheter les actions d’Iconic ni de payer un centime. L’enjeu est donc colossal.

Dans une procédure parallèle aux États-Unis, Textor a également soulevé un argument explosif : certains investisseurs d’Iconic auraient des liens avec des ressortissants russes sanctionnés. Des connexions qui auraient rendu impossible l’introduction en bourse à New York pour des raisons réglementaires.

Cet argument, s’il était retenu, renverserait complètement la responsabilité et pourrait même exposer Iconic à des sanctions. Un coup de poker juridique qui montre à quel point les deux parties sont prêtes à tout.

Une structure financière sous haute tension

Derrière ce litige se cache une architecture financière particulièrement complexe. La holding Eagle Football, basée au Royaume-Uni, possède :

  • L’Olympique Lyonnais (France)
  • Botafogo (Brésil)
  • Molenbeek (Belgique)
  • Et possédait jusqu’à récemment une participation dans Crystal Palace (Angleterre), récemment cédée

Des montages impliquant des entités aux États-Unis, au Brésil, dans les Îles Caïmans… Un véritable labyrinthe juridique et financier qui rend chaque décision particulièrement lourde de conséquences.

Car payer 93 millions de dollars aujourd’hui représenterait un effort colossal pour Eagle Football, déjà très endettée. L’été dernier, l’OL a frôlé la rétrogradation administrative et n’a été sauvé que grâce à un accord avec la DNCG. John Textor a même dû céder le contrôle opérationnel du club au fonds américain Ares, qui lui avait prêté 425 millions d’euros lors du rachat.

Des contestations sur tous les fronts

À Lyon, une partie des supporters critique ouvertement la gestion de Textor. Manque de transparence, promesses non tenues, endettement record… les reproches sont nombreux.

Même au Brésil, où Botafogo domine pourtant le championnat et vient de remporter la Copa Libertadores, des voix s’élèvent contre l’Américain. Certains supporters et observateurs pointent du doigt les mêmes méthodes financières opaques.

Le modèle multi-clubs, s’il a permis des succès sportifs éclatants (Botafogo champion d’Amérique du Sud, l’OL qui se maintient en Ligue 1), semble aujourd’hui arriver à ses limites financières.

Quelles suites possibles ?

L’appel va maintenant être examiné sur le fond par la justice britannique. Aucune date n’a encore été fixée, mais chaque mois qui passe fait grimper la facture potentielle avec les intérêts.

En parallèle, la procédure américaine sur les liens présumés avec des investisseurs russes sanctionnés continue son cours. Un dossier qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà du simple litige commercial.

Pour l’Olympique Lyonnais, l’enjeu est vital. Un affaiblissement supplémentaire d’Eagle Football pourrait compromettre les investissements prévus, notamment dans le recrutement et les infrastructures.

John Textor joue aujourd’hui sa crédibilité et une grande partie de son empire. La décision finale de la cour d’appel britannique sera scrutée dans le monde entier du football business.

Une chose est sûre : ce feuilleton judiciaire est loin d’être terminé. Et chaque rebondissement pourrait redessiner la carte du football européen et sud-américain pour les années à venir.

À retenir : L’appel autorisé représente une bouffée d’oxygène pour John Textor. Mais tant que la décision finale n’est pas rendue, l’épée de Damoclès des 93 millions de dollars continue de planer au-dessus de l’Olympique Lyonnais et de tout son groupe.

Le monde du football retient son souffle. Affaire à suivre.

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