C’est un retour en fanfare qui a ébloui la fashion sphère en ce mois de janvier 2024. John Galliano, l’enfant terrible de la mode, le génie incompris, le visionnaire déchu, a livré l’un des défilés les plus marquants de la décennie lors de la Fashion Week parisienne. Un come-back triomphal qui signe la renaissance d’un créateur hors norme, dont le parcours tumultueux n’a d’égal que son immense talent.
De l’apogée à la disgrâce : retour sur une carrière mouvementée
Fils de plombier originaire de Gibraltar, John Galliano est loin du profil type des grands créateurs. Pourtant, dès ses débuts, son style avant-gardiste et théâtral fait sensation. Repéré par la papesse de la mode Anna Wintour, il est propulsé sur le devant de la scène avec des défilés spectaculaires qui bousculent les codes.
Son talent lui ouvre les portes des plus prestigieuses maisons. De Givenchy à Dior, Galliano impose sa patte extravagante et son sens du show. Sous sa houlette, la maison Dior connaît une croissance fulgurante. Le créateur britannique est au sommet, adulé, encensé. Mais la chute sera à la hauteur de son ascension.
L’affaire Galliano : la descente aux enfers
En février 2011, coup de tonnerre : John Galliano est arrêté pour injures antisémites. Une vidéo accablante fuite dans la presse. LVMH, propriétaire de Dior, licencie immédiatement son directeur artistique star. Galliano, rongé par ses addictions, présente des excuses, invoque une perte de contrôle. Mais le mal est fait. Le créateur adulé devient persona non grata. C’est le début d’une longue traversée du désert.
“Aussi intolérables soient-elles, ses éructations filmées d’homme égaré ressemblent davantage à un message de désespoir, un acte suicidaire à la limite de la conscience, plutôt qu’à des affirmations de ses convictions raciales ou politiques.”
Virginie Mouzat, Le Figaro
Un come-back en douceur avant la consécration
Après une cure de désintoxication, Galliano tente un retour discret, épaulé par son mentor Anna Wintour. En 2013, Oscar de la Renta lui tend la main pour une collaboration. L’accueil est mitigé mais laisse entrevoir une possible rédemption. Lentement mais sûrement, le phoenix Galliano renaît de ses cendres.
La consécration arrive en 2014 : John Galliano est nommé directeur artistique de Maison Martin Margiela. Une incongruité pour certains, un coup de génie pour d’autres. Saison après saison, le créateur britannique impose sa griffe, apprivoise l’héritage de Margiela. Jusqu’à ce défilé Artisanal de janvier 2024, véritable apothéose de sa résurrection créative.
Une collection magistrale, un défilé visionnaire
Sous le pont Alexandre III métamorphosé en bistrot Belle Époque, 44 silhouettes à couper le souffle défilent, pièces d’orfèvrerie inspirées des cocottes et voyous du Paris 1900. Un show envoûtant, d’une poésie brute, porté par le génie d’un Galliano ressuscité. Les superlatifs pleuvent, la critique est unanime : le maître est de retour, et il n’a rien perdu de sa superbe !
“Galliano livre l’un des plus beaux shows de la décennie.”
Le Figaro
Ce défilé marque le grand retour de Galliano sur le devant de la scène. Les réseaux sociaux s’emballent, une nouvelle génération découvre ébahie l’univers du créateur. Des projets de rétrospective au MET, des rumeurs de nomination dans une grande maison… Le monde de la mode retrouve son prodige, purifié par l’épreuve, transcendé par ce génie qu’on n’éteint pas.
Leçons d’un destin hors norme
L’histoire de John Galliano nous rappelle que dans la mode comme dans l’art, le génie rime souvent avec la fêlure. Elle montre aussi la formidable capacité de résilience d’un homme qui, depuis son enfance, a dû se battre contre vents et marées pour s’imposer. Une revanche sur le destin pour ce fils de plombier devenu l’un des plus grands créateurs de son temps.
Alors que Galliano savoure son retour en grâce, une question se pose : assistons-nous aux derniers feux d’un génie ou au prélude d’une nouvelle ère flamboyante ? Une chose est sûre : le créateur a plus d’un tour dans son sac et n’a pas fini de nous éblouir. La mode n’a qu’à bien se tenir, son essence même – mélange d’avant-garde, d’audace et de démesure – a retrouvé en John Galliano son plus brillant porte-étendard !
