À quelques jours de quitter le Bureau Ovale, le président Joe Biden a livré un ultime entretien exclusif au média MSNBC, depuis les lieux mêmes du pouvoir. L’occasion pour le dirigeant démocrate de dresser un bilan sans concession de son mandat, éclipsé par le retour tonitruant de son prédécesseur et rival Donald Trump. Au cœur de ses inquiétudes : l’effritement des piliers démocratiques du pays.
Une Démocratie Vacillante
Visiblement préoccupé, Biden a sonné l’alerte quant à la «fragilité de la démocratie» outre-Atlantique. Le diagnostic est sans appel : les fameux «garde-fous» institutionnels, censés garantir l’équilibre des pouvoirs, seraient dorénavant aux mains des Républicains. Une situation inédite qui ébranle les fondements mêmes du fonctionnement démocratique américain.
Je suis vraiment préoccupé par le niveau de fragilité de la démocratie.
– Joe Biden, Président des États-Unis
Concrètement, le locataire de la Maison Blanche pointe du doigt un glissement dangereux : l’immixtion grandissante du parti de Donald Trump dans les trois branches du pouvoir – l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Un cocktail explosif qui menacerait l’essence même du principe de séparation des pouvoirs, socle de toute démocratie qui se respecte.
Un Président aux Pouvoirs Limités
Conscient de l’ampleur du défi, Biden a tenu à rappeler les limites de sa propre fonction. Bien que «patron», le président ne peut en effet pas «tout dicter», a-t-il souligné. Et pour cause : il doit composer avec une Cour suprême indépendante mais devant «rendre des comptes», ainsi qu’un Congrès tenu de respecter des «principes fondamentaux». Un subtil équilibre des forces aujourd’hui menacé par les manœuvres républicaines, selon lui.
Le Spectre Trumpiste
En filigrane de cette mise en garde présidentielle, plane l’ombre de Donald Trump et de ses partisans les plus radicaux. Biden redoute ainsi que les trumpistes ne «taillent en petits morceaux» les éléments constitutifs de la démocratie américaine, mettant en péril l’équilibre déjà précaire du système.
Un constat d’autant plus alarmant à mesure que se profile le grand retour de l’ancien président populiste, déterminé à reprendre les rênes du pays dès lundi prochain. Joe Biden avait déjà tiré la sonnette d’alarme la veille dans un discours crépusculaire, évoquant le spectre d’une «oligarchie» et d’une «poignée de personnes ultra-riches» prêtes à phagocyter le pouvoir.
La Tech dans le Viseur
Le dirigeant démocrate n’a pas manqué de pointer du doigt les géants de la tech, à l’instar d’Elon Musk et Mark Zuckerberg, désormais alignés derrière la bannière trumpiste. Un soutien de poids qui renforcerait encore l’influence de l’ancien locataire de la Maison Blanche sur le paysage politique américain.
Une oligarchie prend forme en Amérique et menace concrètement notre démocratie tout entière, nos droits et libertés élémentaires.
– Joe Biden, Président sortant des États-Unis
Sur MSNBC, Biden a enfoncé le clou, fustigeant ces «multimilliardaires, les super, ultra-riches, les personnes les plus fortunées de la planète» qui «commencent à contrôler tout le système, des médias à l’économie». Un avertissement solennel sur la concentration des pouvoirs entre les mains d’une élite restreinte.
Un Bilan Contrasté
Au-delà de ces considérations politiques, le président a également été interrogé sur les grands dossiers qui ont rythmé sa mandature. Des guerres dans la bande de Gaza et en Ukraine à l’accord de trêve annoncé cette semaine, en passant par la libération d’otages, Biden a livré sa part de vérité.
Soucieux de défendre son bilan, il a notamment revendiqué son rôle déterminant dans les négociations diplomatiques. «Rien ne se serait passé» sans la pression exercée par son administration sur les différents protagonistes, a-t-il martelé.
L’Heure du Bilan
À l’heure de tirer sa révérence, Joe Biden laisse un pays plus que jamais fracturé, en proie à de profondes divisions. Si son mandat a été marqué par quelques avancées notables, comme une politique d’investissements massifs, le bilan reste terni par la flambée de l’inflation et la crise migratoire.
Surtout, c’est l’état de la démocratie américaine qui semble le préoccuper au plus haut point. Un chant du cygne empreint d’une certaine gravité, reflet des immenses défis qui attendent son successeur. Et pas des moindres : préserver l’essence même du modèle démocratique américain, aujourd’hui fragilisé comme jamais.