En dépit d’une prestation désastreuse lors du premier débat télévisé face à Donald Trump, le président américain Joe Biden s’accroche à sa candidature pour un second mandat. Mais le doute s’installe, y compris dans son propre camp, sur sa capacité à mener une campagne victorieuse. Et les défections commencent à s’accumuler parmi les grands donateurs démocrates, fragilisant un peu plus sa position.
Biden « passe un test cognitif chaque jour » en étant président
Interrogé ce vendredi sur ses facultés mentales lors d’une interview sur ABC, Joe Biden a défendu avec vigueur son aptitude à la fonction suprême. À 81 ans, il a assuré que présider les États-Unis revenait à « passer un test cognitif chaque jour ». « Je ne fais pas que faire campagne, je dirige le monde », a-t-il martelé. Mais son débit parfois laborieux et ses phrases pas toujours abouties ont pu laisser dubitatif.
Le président refuse cependant de croire les sondages qui donnent l’avantage à son rival républicain. « De mon point de vue, je suis au coude à coude avec Donald Trump », a-t-il affirmé. Et d’écarter l’hypothèse d’un retrait : « Si le Seigneur tout-puissant descendait et disait “Joe, retire-toi de la course” je me retirerais, mais il ne va pas descendre ».
Des soutiens financiers qui s’effritent
Pourtant, les appels se multiplient dans le camp démocrate pour que Biden renonce. Et plusieurs donateurs de poids envisagent de couper les vivres pour le pousser vers la sortie. Ari Emanuel, l’influent agent hollywoodien, a ainsi déclaré que « peut-être que le seul moyen est que l’argent commence à se tarir ». Reed Hastings, le co-fondateur de Netflix qui a donné plus de 20 millions au parti ces dernières années, a carrément appelé Biden à se retirer « pour permettre à un dirigeant démocrate vigoureux de battre Trump ».
J’ai l’intention de cesser toute contribution au parti jusqu’à ce qu’ils remplacent Biden à la tête du ticket. C’est du réalisme, pas du manque de respect.
– Abigail Disney, petite-fille de Walt Disney
Une pétition signée par près de 170 dirigeants et chefs d’entreprise l’a aussi exhorté à passer la main, jugeant qu’il était temps « de consolider son héritage en passant le flambeau ». Face à ces pressions, les ténors démocrates au Congrès prévoiraient des réunions de crise dans les prochains jours pour discuter de la marche à suivre.
Une crédibilité érodée, même chez ses partisans
Cette fronde inédite illustre l’inquiétude croissante dans le camp démocrate sur la capacité de Biden à l’emporter en 2024. Son débat erratique face à Trump a ébranlé la confiance dans son leadership et accentué les doutes sur sa forme physique et mentale, y compris chez des sympathisants. Avec une cote de popularité en berne, autour de 36%, sa marge de manœuvre se réduit.
Pour autant, aucune alternative ne se dégage clairement côté démocrate. Et Biden garde des soutiens solides, notamment chez les électeurs afro-américains et seniors, qui lui sont traditionnellement acquis. Ses partisans mettent aussi en avant son bilan, avec des investissements massifs dans les infrastructures, le climat ou la santé. Reste à savoir s’il saura convaincre qu’il est le mieux armé pour battre Trump et offrir un second mandat démocrate à la Maison Blanche.