En accordant sa grâce présidentielle à son fils Hunter, empêtré dans de multiples affaires judiciaires, le président américain Joe Biden a pris tout le monde de court. Une décision qui soulève un tollé non seulement chez ses adversaires républicains mais aussi dans son propre camp démocrate, beaucoup y voyant une grave erreur susceptible d’entacher durablement sa réputation.
Joe Biden revient sur sa parole pour protéger son fils
Malgré ses promesses répétées de ne jamais user de son pouvoir de grâce en faveur de son fils cadet, le locataire de la Maison Blanche est finalement revenu sur sa parole. Dans un communiqué publié dimanche, il a annoncé avoir gracié Hunter Biden, 54 ans, qui attendait de connaître sa peine dans des affaires de détention illégale d’arme à feu et de fraude fiscale.
Pour justifier ce revirement, Joe Biden a affirmé qu’« aucune personne raisonnable examinant les faits ne peut aboutir à une autre conclusion : Hunter a été ciblé uniquement parce qu’il est [son] fils ». La porte-parole de l’exécutif, Karine Jean-Pierre, a renchéri en déclarant que le président est persuadé que ses opposants « tentent de faire craquer son fils pour le faire craquer lui ».
Une prérogative présidentielle très controversée
Si le pouvoir de grâce est une prérogative constitutionnelle du président américain, son utilisation en faveur d’un proche soulève toujours des interrogations. De nombreux commentateurs pointent le précédent dangereux que crée Joe Biden en graciant son fils malgré la gravité des faits reprochés.
Un président ne devrait jamais user de son pouvoir de grâce pour soustraire un membre de sa famille à la justice. C’est un dévoiement inacceptable de cette prérogative.
Analyse d’un constitutionnaliste américain
Pour ses détracteurs, le démocrate de 82 ans a tout simplement abusé de son pouvoir pour protéger son fils, faisant fi de l’éthique et du principe d’une justice égale pour tous. Un coup dur pour celui qui avait fait de la lutte contre la corruption et les passe-droits l’un des mantras de sa présidence.
Indignation républicaine et malaise démocrate
Sans surprise, les opposants républicains de Joe Biden se sont immédiatement saisis de l’affaire pour fustiger ce qu’ils considèrent comme une décision scandaleuse et immorale. Pour le sénateur Tom Cotton, le président a tout simplement menti « du début à la fin sur les activités corrompues de trafic d’influence de sa famille ».
Mais le malaise est palpable aussi dans les rangs démocrates, beaucoup regrettant une décision perçue comme une erreur politique majeure. Plusieurs élus de premier plan ont exprimé publiquement leurs doutes, à l’instar du gouverneur du Colorado Jared Polis estimant que cette grâce « crée un mauvais précédent dont pourraient abuser de futurs présidents ».
Biden fragilisé à l’aube d’un duel à haut risque avec Trump
Au-delà du cas Hunter Biden, c’est bien la réputation et la crédibilité du président qui semblent durablement écornées par cette affaire, à quelques mois d’une échéance électorale cruciale. Son probable rival Donald Trump a déjà prévenu qu’il n’hésiterait pas à gracier tous les émeutiers condamnés pour l’assaut contre le Capitole s’il revenait à la Maison Blanche.
Face à la tempête, l’entourage de Joe Biden tente tant bien que mal de minimiser les dégâts, martelant qu’il s’agit d’une « décision de père » visant à protéger un fils injustement ciblé. Mais beaucoup, y compris chez ses soutiens, craignent que le vieux lion de la politique américaine n’ait commis une erreur fatale pour la suite de son mandat.
Joe Biden a voulu protéger son fils. Mais cette décision sera utilisée contre nous quand nous lutterons contre les abus de l’administration Trump.
Glenn Ivey, élu démocrate
Un avenir politique incertain
Si les conséquences politiques de cette polémique restent difficiles à évaluer, une chose est sûre : Joe Biden sort fragilisé de cet épisode, lui qui cultive une image de dirigeant intègre. Attaqué de toutes parts, le président devra redoubler d’efforts pour convaincre qu’il n’a pas cédé au népotisme le plus décomplexé.
À l’aube d’une campagne présidentielle qui s’annonce particulièrement violente face à Donald Trump, Joe Biden pourrait bien payer cher ce qui restera comme l’une des décisions les plus controversées de sa présidence. L’avenir dira si cette grâce était un acte d’amour paternel légitime ou une erreur politique impardonnable.
