C’est une annonce qui a pris tout le monde de court. Joe Biden, président démocrate sortant, a confirmé qu’il assisterait à la cérémonie d’investiture de Donald Trump le 20 janvier prochain à Washington. Une décision surprenante quand on sait que Trump avait refusé d’assister à celle de Biden quatre ans plus tôt, dans un contexte de vives tensions post-électorales.
Un geste fort pour la démocratie américaine
En acceptant d’être présent lors de ce moment solennel, Biden envoie un message clair : la démocratie et le respect des institutions priment sur les rivalités politiques. Malgré la défaite de sa colistière Kamala Harris face à Trump, le président sortant choisit de se placer au-dessus de la mêlée.
Le président a promis qu’il assisterait à l’investiture du vainqueur de l’élection, quel qu’il soit. Lui et la première dame vont honorer cette promesse.
Andrew Bates, porte-parole de la Maison Blanche
Cette décision tranche avec l’attitude de Donald Trump en 2021. Refusant de reconnaître sa défaite, l’ex-président républicain avait snobé l’investiture de Biden, une première depuis 150 ans. Les États-Unis étaient alors à vif, encore marqués par l’assaut du Capitole le 6 janvier par des partisans de Trump.
Tourner la page des tensions
En faisant preuve de fair-play et de respect des traditions démocratiques, Biden souhaite tourner définitivement la page de cet épisode douloureux. Sa présence à l’investiture est perçue comme « une importante démonstration de l’engagement à respecter nos valeurs démocratiques et à honorer la volonté du peuple », selon son porte-parole.
Pourtant, les deux hommes ont eu des échanges particulièrement tendus pendant la campagne. Biden a maintes fois dépeint Trump comme un danger pour la démocratie. Mais en bon démocrate, il s’est engagé à effectuer une transition de pouvoir la plus fluide possible après la victoire de son rival.
Une première rencontre cordiale à la Maison Blanche
Signe d’apaisement, Joe Biden a même invité Donald Trump à la Maison Blanche quelques jours après l’élection. Les deux présidents se sont rencontrés dans le Bureau ovale, une tradition respectée par la plupart des présidents sortants et entrants. Biden en a profité pour féliciter Trump pour sa victoire.
Reste à savoir si cette main tendue de Biden sera saisie par Trump. Connu pour son imprévisibilité et son ego surdimensionné, le milliardaire pourrait être tenté de jouer la carte de la provocation le jour J. Mais la présence de son prédécesseur démocrate devrait le pousser à adopter une attitude plus responsable et consensuelle.
Quel avenir pour Joe Biden ?
En choisissant les valeurs démocratiques plutôt que l’aigreur de la défaite, Joe Biden contribue à apaiser le climat politique. Un dernier service rendu au pays avant de quitter le pouvoir. Mais que fera ensuite le vieux lion démocrate de 81 ans ?
Selon des sources proches, Biden envisagerait de créer une fondation pour défendre les valeurs qui lui sont chères : la démocratie, la lutte contre le réchauffement climatique, l’accès à la santé… Il pourrait aussi écrire ses mémoires et donner des conférences à travers le pays. Une façon de rester dans le débat public, sans forcément viser un nouveau mandat.
Kamala Harris, grande perdante de l’élection
Si Biden sort par la grande porte, ce n’est pas le cas de sa vice-présidente et candidate malheureuse Kamala Harris. Malgré une campagne intense, la démocrate n’a pas réussi à s’imposer face à Trump, échouant à devenir la première femme présidente des États-Unis.
Avec 10 millions de voix de moins que Biden en 2020, Harris a pâti d’une impopularité record et de la puissante machine républicaine. Certains démocrates voient même dans cet écart la preuve d’une fraude, une théorie fermement rejetée par l’intéressée qui a rapidement reconnu sa défaite.
Comme Biden, Harris appelle désormais à une transition pacifique du pouvoir, loin des accusations de fraude qui avaient émaillé la présidentielle de 2020. Un baroud d’honneur pour celle qui rêvait de marcher dans les pas d’Obama. Son avenir politique semble aujourd’hui bien incertain.
Trump, le revenant de la Maison Blanche
Quatre ans après avoir quitté Washington en vaincu et en colère, Donald Trump s’apprête donc à retrouver le Bureau ovale. Une revanche pour celui qui n’a jamais digéré sa défaite face à Biden en 2020, criant sans relâche à une élection truquée malgré l’absence de preuves.
Tout au long de la campagne, Trump a agité le spectre de la fraude, martelant que les démocrates tenteraient de lui « voler » à nouveau la victoire. Des propos inflammables qui ont conduit ses plus fervents supporters à surveiller de près le processus électoral, faisant craindre des tensions.
Mais malgré quelques incidents isolés, le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme. Et les recours de Trump et de son camp ont tous été rejetés, faute d’éléments tangibles. Le milliardaire a donc été contraint de reconnaître sa défaite, non sans avoir épuisé toutes les voies de contestation.
Cette élection est terminée. Le Congrès a certifié les résultats. Je n’ai pas gagné. Au bout de plusieurs mois, il est temps de tourner la page.
Donald Trump sur Twitter, après la certification de sa victoire
Désormais investi, le 45e et futur 47e président des États-Unis doit se projeter sur son second mandat. Un mandat qui s’annonce périlleux, entre crises économique, sanitaire, climatique et sociétale. Trump devra mettre de côté son ego et travailler avec un Congrès partagé entre démocrates et républicains.
Mais avant cela, place à la passation de pouvoir avec Joe Biden. Un moment toujours solennel, qui le sera encore plus cette année. Car au-delà de leur rivalité, les deux hommes incarnent la force et la résilience de la démocratie américaine, capable de surmonter ses fractures. Comme une promesse de jours meilleurs.