À quelques jours de son départ du pouvoir, le président américain Joe Biden a pris une décision historique. Selon des sources proches de la Maison Blanche, il a en effet commué près de 2500 peines de prisonniers condamnés pour des délits non violents liés à la drogue. Un chiffre record qui dépasse de loin les grâces et commutations accordées par ses prédécesseurs.
Un acte de clémence motivé par le sens de la justice
Joe Biden a justifié sa décision par le caractère disproportionné des peines purgées par ces détenus au regard des pratiques actuelles de la justice. Fervent catholique, le président démocrate a souhaité ainsi apporter du réconfort à ces individus condamnés sur la base d’une distinction dépassée entre crack et cocaïne.
Cette vague de commutations s’inscrit dans la continuité des 1500 peines déjà commuées en décembre dernier, ainsi que des grâces accordées à 39 personnes et à la quasi-totalité des condamnés à mort par la justice fédérale. Joe Biden entend ainsi corriger ce qu’il considère comme un « durcissement dépassé des sentences prononcées en matière de criminalité liée aux stupéfiants ».
D’autres grâces et commutations à venir ?
Malgré son départ imminent de la Maison Blanche, le locataire démocrate du Bureau Ovale a prévenu qu’il continuerait d’examiner des dossiers en vue d’accorder sa clémence présidentielle dans les prochains jours. De quoi alimenter les spéculations sur d’éventuelles grâces préventives en faveur d’élus et hauts responsables menacés de poursuites judiciaires sous le mandat de son successeur Donald Trump.
Une tradition présidentielle en fin de mandat
Si l’ampleur des commutations accordées par Joe Biden est inédite, l’usage intensif du pardon présidentiel en fin de mandat est une tradition bien ancrée chez les présidents américains. Son prédécesseur Donald Trump avait ainsi gracié en décembre 2020 son gendre et conseiller Jared Kushner, condamné pour malversations fiscales. Bill Clinton avait lui aussi gracié son demi-frère Roger, emprisonné pour possession de cocaïne, le dernier jour de sa présidence en 2001.
Les présidents américains décident de centaines de grâces et commutations durant leur mandat, avec une accélération notable juste avant de partir.
Une source proche de la Maison Blanche
Reste à savoir si Joe Biden profitera de ses derniers jours au pouvoir pour gracier des proches, comme son fils Hunter, qui attend de connaître ses peines dans deux affaires de port d’arme illégal et de fraude fiscale. Une perspective sur laquelle le président démocrate est récemment revenu, sans pour autant fermer la porte.
Les commutations en chiffres
- Près de 2500 peines commuées pour des délits non violents liés à la drogue
- Un chiffre record, jamais atteint par un autre président américain
- S’ajoutent aux 1500 peines déjà commuées en décembre 2022
- Joe Biden a aussi accordé 39 grâces et commué la peine de 37 condamnés à mort fédéraux sur 40
En usant ainsi de sa prérogative présidentielle, Joe Biden marque l’histoire et bouscule en profondeur le système judiciaire américain. Une révolution par la grâce qui soulève autant d’espoirs que d’interrogations à l’aube d’une nouvelle ère politique outre-Atlantique.