Dans un geste surprenant à la fin de son mandat, le président américain Joe Biden a annoncé l’annulation de 4,28 milliards de dollars de prêts étudiants supplémentaires pour 55.000 Américains. Cette mesure, destinée principalement aux « enseignants, infirmières, militaires, responsables des forces de l’ordre et autres employés du service public », selon un communiqué de la Maison Blanche, porte à près de 5 millions le nombre total de bénéficiaires d’allègements de dette étudiante sous l’administration Biden.
Le président démocrate sortant a expliqué cette décision en affirmant avoir promis dès le début de son mandat de faire de l’enseignement supérieur « un billet d’entrée dans la classe moyenne et non un obstacle aux opportunités ». Le secrétaire à l’Éducation Miguel Cardona a souligné l’ampleur de ces mesures, qui ont permis d’effacer près de 180 milliards de dollars de dette étudiante en quatre ans, « changeant la vie de près de cinq millions d’emprunteurs ».
Un programme historique mais controversé
En 2022, l’administration Biden avait mis en place un programme ambitieux d’effacement de dette étudiante, permettant des remises allant jusqu’à 20.000 dollars pour certains emprunteurs et 10.000 dollars pour la grande majorité. Cependant, ce programme a été annulé en 2023 par la Cour suprême à majorité conservatrice, qui a estimé que le président avait outrepassé ses pouvoirs étant donné les sommes colossales en jeu.
Cette décision a suscité de vifs débats, le coût des études supérieures aux États-Unis étant exorbitant, allant de 10.000 à 70.000 dollars par an. De nombreux diplômés se retrouvent ainsi avec une dette écrasante au moment d’entrer dans la vie active. Selon une étude du Pew Research Center, un Américain sur quatre de moins de 40 ans a une dette étudiante, dont le montant moyen se situait entre 20.000 et 25.000 dollars en 2023.
L’avenir incertain de l’enseignement supérieur
Si l’annulation de dette décidée par Joe Biden apporte un soulagement bienvenu à des milliers d’Américains, elle ne résout pas le problème de fond du coût exorbitant des études supérieures dans le pays. De nombreux experts appellent à une réforme en profondeur du système, afin de rendre l’accès à l’université plus abordable et équitable.
Parmi les pistes évoquées figurent :
- Une augmentation des bourses et aides financières
- Un plafonnement des frais de scolarité
- Un renforcement des programmes de prêts à taux zéro ou à faible taux
- Des incitations fiscales pour les employeurs finançant les études de leurs salariés
Cependant, toute réforme d’ampleur se heurte à de nombreux obstacles, notamment l’opposition des universités privées et de certains élus craignant une hausse des dépenses publiques. Le débat sur l’avenir de l’enseignement supérieur américain est loin d’être clos et sera sans nul doute au cœur des prochaines échéances électorales.
Un enjeu crucial pour l’avenir du pays
Au-delà de son impact sur les finances des ménages, la question de la dette étudiante et de l’accès à l’enseignement supérieur revêt une importance cruciale pour l’avenir économique et social des États-Unis. Dans un monde de plus en plus compétitif où les compétences de haut niveau sont primordiales, permettre au plus grand nombre d’accéder aux études supérieures est un enjeu stratégique majeur.
L’éducation n’est pas la préparation à la vie; l’éducation est la vie elle-même.
John Dewey, philosophe et pédagogue américain
Les décisions prises aujourd’hui en matière de financement et d’organisation de l’enseignement supérieur façonneront la société américaine pour les décennies à venir. Il est crucial que ce débat dépasse les clivages partisans pour se concentrer sur l’intérêt à long terme du pays et de ses citoyens.
Les mesures d’annulation de dette prises par l’administration Biden constituent un premier pas important, mais il faudra une volonté politique forte et un large consensus pour transformer en profondeur le système actuel. C’est un défi immense mais indispensable pour garantir la prospérité et la cohésion sociale des États-Unis au XXIe siècle.