Sous les paillettes et les fastes des Jeux Olympiques de Paris 2024 se cache une réalité bien plus sombre. Selon un rapport accablant publié par le collectif Le Revers de la médaille, qui regroupe plus de 80 associations de solidarité, l’organisation de ce grand événement sportif s’accompagne d’une recrudescence inquiétante des expulsions de personnes en situation de grande précarité en Île-de-France. Une tendance qui s’est accélérée au cours des 18 derniers mois.
Un dispositif qui déplace les plus fragiles
Mis en place en avril 2023, le dispositif des “sas d’accueil temporaire régionaux” a déjà conduit au déplacement forcé de 5224 personnes de l’Île-de-France vers d’autres régions selon les chiffres de la préfecture. Un exode imposé qui touche en premier lieu les populations les plus vulnérables : migrants, sans-abri, familles en grande difficulté…
Paul Alauzy, porte-parole du collectif, n’hésite pas à parler d’un véritable “nettoyage social” en prévision des Jeux Olympiques. Les expulsions de campements de rue et de squats se sont effectivement intensifiées de façon spectaculaire, avec une hausse de 38,5% en un an selon l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels.
La pression s’accentue à l’approche des JO
Plus l’échéance olympique se rapproche, plus les autorités semblent déterminées à faire place nette. Le nombre d’arrêtés préfectoraux ordonnant des expulsions a explosé depuis février 2024, signe d’une volonté assumée d’accélérer encore le mouvement.
Les plus fragiles sont poussés hors des villes, éparpillés pour éviter les installations informelles trop visibles
dénonce le collectif Le Revers de la médaille
Et l’Île-de-France n’est pas la seule concernée. Partout où des épreuves olympiques sont prévues, des opérations similaires ont lieu, comme à Bordeaux où un bidonville de près de 500 habitants a été démantelé fin mars, ou à Lille avec l’expulsion en mai d’un campement au Parc Matisse.
Un appel à des solutions dignes
Face à cette situation préoccupante, les associations réclament un vrai plan d’action en faveur des plus précaires, avec notamment la création de 20 000 places d’hébergement sur tout le territoire. Elles demandent à être consultées pour mettre en place des solutions adaptées et respectueuses de la dignité de chacun.
Car derrière les paillettes et la fête des JO, il y a des milliers de destins brisés, de vies précaires encore fragilisées par ces déplacements forcés. Un revers de la médaille qui ne doit pas être occulté. Les Jeux Olympiques, événement planétaire célébrant les valeurs du sport, ne peuvent se bâtir sur un tel déni d’humanité. Il est plus que temps d’entendre l’alarme sonnée par ces associations et d’agir en conséquence. Pour que Paris 2024 ne reste pas dans l’histoire comme les Jeux de l’exclusion.