À un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, l’enthousiasme peine à gagner la jeunesse de Seine-Saint-Denis, pourtant au cœur des attentions. Malgré les discours sur l’accessibilité et l’héritage de l’événement, le scepticisme et le désintérêt semblent dominer chez les jeunes des quartiers. Retour sur un rendez-vous en passe d’être manqué entre l’olympisme et la banlieue.
L’indifférence de la jeunesse dionysienne
À l’image de Kassim, jeune habitant arborant fièrement le maillot du Maroc, ils sont nombreux à exprimer leur désintérêt pour les JO. “Ce n’est pas pour nous”, tranche-t-il, persuadé que les projecteurs braqués sur le 93 le temps de l’événement ne changeront rien à long terme. Un constat partagé par Mohamed Gnabaly, maire de L’Île-Saint-Denis, commune accueillant une partie du village olympique :
Je n’ai pas senti d’hostilité vivace, mais clairement pas d’enthousiasme. Contrairement à la Coupe du monde de foot, les JO ciblent un public précis, qui n’est pas forcément celui du 93 au premier abord. Et puis les Jeux ça ne fait pas jeun’s.
Mohamed Gnabaly, maire de L’Île-Saint-Denis
Malgré les tentatives pour mobiliser sa jeunesse, notamment via les places offertes aux habitants, l’édile de 39 ans peine à susciter l’adhésion. Les plus motivés seraient les quadras et quinquas, quand les jeunes franchissent rarement le pas des démarches pour obtenir les précieux sésames.
Un sentiment d’instrumentalisation
Pour Gilles Vieille Marchiset, sociologue en sciences du sport, ce manque d’entrain tient au sentiment d’être les objets d’une curiosité passagère, voire d’une instrumentalisation :
Les jeunes ne sont pas dupes, ils savent qu’on les instrumentalise. Pour eux, ces Jeux sont une comète qui ne fait que passer.
Gilles Vieille Marchiset, sociologue en sport et sciences sociales
Une analyse que semble partager le maire de L’Île-Saint-Denis, soucieux de ne pas surjouer l’événement providentiel auprès de ses administrés. Pour autant, peut-on réellement parler de rejet de l’olympisme et de ses valeurs dans les quartiers populaires ?
L’olympisme, grande cause lointaine
Si l’indifférence prédomine, elle ne saurait masquer l’engagement de nombreux jeunes dionysiens dans les clubs et associations sportives locales. Mais de là à se projeter dans un événement planétaire aux enjeux qui les dépassent, il y a un pas que beaucoup peinent à franchir.
Pour nombre d’entre eux, le sport demeure d’abord un vecteur d’épanouissement personnel et de lien social dans un quotidien souvent difficile. Un horizon bien éloigné des paillettes et de la grandiloquence olympiques.
Vers un héritage au long cours ?
Malgré ce constat en demi-teinte, les acteurs locaux veulent croire en l’héritage des Jeux pour la Seine-Saint-Denis. Au-delà de l’événement lui-même, c’est la pérennisation des investissements et des dynamiques initiées qui focalisent les attentions.
Équipements sportifs rénovés, projets d’insertion, soutien au mouvement sportif local… Les promesses sont nombreuses, mais leur concrétisation dépendra de la mobilisation dans la durée de l’ensemble des parties prenantes, bien après l’extinction de la flamme olympique.
Un défi de taille qui nécessitera de dépasser le temps éphémère de l’événement pour inscrire l’héritage olympique dans un maillage territorial au long cours. Avec en ligne de mire, l’espoir d’offrir à la jeunesse de Seine-Saint-Denis de nouveaux horizons durables.
Équipements sportifs rénovés, projets d’insertion, soutien au mouvement sportif local… Les promesses sont nombreuses, mais leur concrétisation dépendra de la mobilisation dans la durée de l’ensemble des parties prenantes, bien après l’extinction de la flamme olympique.
Un défi de taille qui nécessitera de dépasser le temps éphémère de l’événement pour inscrire l’héritage olympique dans un maillage territorial au long cours. Avec en ligne de mire, l’espoir d’offrir à la jeunesse de Seine-Saint-Denis de nouveaux horizons durables.
