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Jeux Olympiques de Paris 2024 : Israël face à une possible exclusion ?

La controverse enfle autour des Jeux Olympiques de Paris 2024 : des députés de la France insoumise appellent à exclure Israël de la compétition ou imposer une participation sous bannière neutre, sur fond de conflit israélo-palestinien. Le sport comme arme géopolitique ?

À moins d’un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, une polémique inattendue vient troubler les préparatifs. Des députés de la France insoumise, emmenés par Manuel Bompard et Thomas Portes, appellent en effet à exclure les athlètes israéliens de la compétition, ou à défaut les faire concourir sous bannière neutre. En toile de fond, le conflit israélo-palestinien et la volonté d’exercer une “pression diplomatique” sur l’État hébreu via l’événement sportif planétaire.

La France insoumise monte au créneau

C’est une petite phrase lâchée par le député LFI Thomas Portes qui a mis le feu aux poudres. Lors d’une manifestation pro-palestinienne samedi dernier, l’élu de Seine-Saint-Denis a déclaré que «les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus aux Jeux olympiques à Paris». Une position assumée et même revendiquée par son parti, selon les propos de Manuel Bompard. Le coordinateur de la France insoumise a en effet confirmé qu’il s’agissait d’une «position déjà défendue» par LFI, estimant «légitime de considérer que le Comité international olympique pourrait prendre à l’égard de la délégation israélienne les mêmes décisions qu’elle a prises à l’égard de la délégation russe».

Vers une participation sous bannière neutre ?

Face à la polémique suscitée par la sortie de Thomas Portes, Manuel Bompard a cependant nuancé la position de son parti. Il ne s’agirait pas d’interdire purement et simplement aux athlètes israéliens de participer aux JO, mais plutôt d’imposer une participation sous bannière neutre, comme pour les sportifs russes depuis l’invasion de l’Ukraine. Une “pression diplomatique” visant à condamner les “actions inacceptables” d’Israël envers les Palestiniens, selon les mots du député des Bouches-du-Rhône.

Je considère que la diplomatie française doit faire pression sur le CIO pour que le drapeau et l’hymne israéliens ne soient pas admis pendant ces Jeux olympiques comme cela est fait pour la Russie.

Thomas Portes, député LFI

Le spectre du boycott

La demande de la France insoumise n’est pas sans rappeler les boycotts qui ont émaillé l’histoire des Jeux Olympiques. En 1980, les États-Unis et une cinquantaine de pays avaient boudé les JO de Moscou pour protester contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Quatre ans plus tard, l’URSS et le bloc de l’Est avaient répliqué en snobant les Jeux de Los Angeles. Plus récemment, des appels au boycott des JO de Pékin en 2008 avaient été lancés pour dénoncer la répression chinoise au Tibet.

Le CIO pris entre deux feux

Si une exclusion pure et simple d’Israël semble peu probable, le Comité international olympique pourrait se retrouver sous pression pour imposer des sanctions symboliques, comme une participation sous bannière neutre. Mais la tâche s’annonce délicate pour l’instance olympique, écartelée entre sa volonté de ne pas politiser le sport et la réalité géopolitique qui rattrape souvent les grands événements. Le CIO devra aussi composer avec la position de la France, pays hôte des JO qui entretient des liens étroits avec Israël malgré des désaccords récurrents sur le dossier palestinien.

JO de Paris sous haute tension

À un an de la cérémonie d’ouverture, la polémique lancée par les députés LFI promet en tout cas de electrifier un peu plus des JO de Paris déjà soumis à de multiples défis. Entre retards dans les chantiers, dérapages budgétaires, craintes sécuritaires et controverses en tous genres, les organisateurs se seraient bien passés de ce nouveau grain de sable dans une mécanique déjà complexe. Reste à savoir si cette proposition restera un épiphénomène ou si elle est annonciatrice de tensions diplomatiques à venir autour de ce rendez-vous planétaire. Une chose est sûre : le sport, une fois de plus, aura bien du mal à se tenir à l’écart des soubresauts du monde.

En attendant, le compte à rebours continue inexorablement vers ce qui doit être une fête universelle et fraternelle, dans l’esprit des valeurs de l’olympisme. Un idéal qui semble aujourd’hui bien difficile à atteindre dans un contexte international de plus en plus clivé. Les JO de Paris 2024, théâtre de la géopolitique mondiale ? L’avenir nous le dira, mais les premières escarmouches auront lieu bien avant les premiers coups de pistolet des starters.

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