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Jeu Vidéo Controversé Interdit au Royaume-Uni

Un jeu vidéo reproduisant l'attaque meurtrière du Hamas d'octobre 2023 vient d'être interdit au Royaume-Uni. Cette simulation ultraréaliste provoque l'indignation. Le développeur se défend mais la polémique enfle. Jusqu'où peut aller la liberté de création dans le jeu vidéo ?

Imaginez un jeu vidéo vous plongeant au cœur d’une attaque terroriste sanglante, où vous incarnez un membre du Hamas semant la mort et la destruction. C’est le concept pour le moins dérangeant d’un titre qui vient d’être interdit au Royaume-Uni, soulevant de vives controverses sur les limites de ce qui est acceptable dans l’univers du gaming.

Un jeu inspiré de l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023

Baptisé « Fursan-Al-Aqsa: The Knights of the Ai-Aqsa Mosque », ce jeu développé par un studio brésilien propose de revivre les événements tragiques qui ont ensanglanté Israël en octobre dernier. Une mise à jour récente intègre en effet des séquences reproduisant de manière ultraréaliste certaines scènes caractéristiques de cette attaque, comme l’arrivée des terroristes en parapente motorisé ou l’exécution sommaire de soldats israéliens alignés.

L’unité antiterroriste britannique, la CTIRU, n’a pas tardé à réagir en demandant le retrait de cette version du jeu de la plateforme Steam au Royaume-Uni. Une décision que conteste le développeur Nidal Nijm, affirmant que son titre « n’est pas très différent de n’importe quel autre jeu de tir » disponible en ligne.

Une apologie du terrorisme en guise de jeu ?

Au-delà du réalisme dérangeant des scènes reconstituées, c’est le fait de mettre le joueur dans la peau d’un terroriste du Hamas qui cristallise les critiques. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qui s’apparente à une forme d’apologie du terrorisme, d’autant plus choquante qu’elle s’appuie sur des événements réels récents particulièrement meurtriers.

C’est une ligne rouge qui est ici franchie. Sous couvert de liberté de création, ce jeu fait la promotion de la terreur et de la violence aveugle.

Un représentant des familles de victimes

Face à ces accusations, le créateur du jeu se défend en invoquant le caractère fictionnel de son œuvre et rejette tout parallèle avec la réalité. Il dénonce une « censure pour des raisons politiques » et souligne que son jeu reste disponible dans le reste du monde, y compris en France.

Jeux vidéo et éthique : un débat sans fin

Cette polémique ravive les questionnements récurrents sur les limites de ce qui est acceptable ou non dans l’univers du jeu vidéo. Si personne ne conteste le droit des créateurs à s’inspirer de faits réels, même les plus sombres, beaucoup s’interrogent sur la pertinence d’en faire un terrain de jeu.

Reste que la frontière entre monde virtuel et réel n’a jamais été aussi ténue, comme le soulignait il y a peu une étude montrant l’influence des jeux sur les comportements violents de certains jeunes. Sans pour autant tomber dans une vision manichéenne, la question de la responsabilité des créateurs et des diffuseurs dans la propagation de contenus potentiellement nocifs est plus que jamais d’actualité.

L’émergence de « jeux engagés » au cœur des tensions géopolitiques

Au-delà du cas de « Fursan-Al-Aqsa », on assiste ces dernières années à une multiplication de jeux vidéo ouvertement militants, épousant la cause de telle ou telle faction dans des conflits bien réels.

Du conflit israélo-palestinien à la guerre en Ukraine en passant par les tensions entre l’Inde et le Pakistan, de nombreux studios n’hésitent plus à prendre parti et à utiliser le jeu comme un outil de propagande politique. Une tendance inquiétante pour beaucoup d’observateurs, qui craignent une polarisation accrue des communautés de joueurs autour de lignes de fracture géopolitiques.

Face à ce phénomène, les plateformes de distribution comme Steam se retrouvent en première ligne. Sommées de faire le tri entre liberté d’expression et contenus inappropriés, elles peinent encore à trouver le juste équilibre, comme le montre le bannissement partiel de « Fursan-Al-Aqsa ».

Une chose est sûre, le débat sur les liens entre jeu vidéo, éthique et géopolitique est loin d’être clos. Et dans un contexte international de plus en plus tendu, nul doute que d’autres polémiques du même type éclateront à l’avenir, questionnant toujours plus la responsabilité de cet univers virtuel en perpétuelle expansion.

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