Les élections législatives 2024 nous réservent bien des surprises. Alors que tous les regards étaient braqués sur le duel annoncé entre le Rassemblement National et la gauche, c’est finalement un troisième homme qui fait parler de lui au soir du premier tour : Jérôme Cahuzac. L’ancien ministre du Budget de François Hollande, tombé en disgrâce pour une retentissante affaire de fraude fiscale en 2013, tentait un retour en politique. Mais avec 14,56% des voix, il échoue à se qualifier pour le second tour et décide de se retirer. Un coup de théâtre qui rebat les cartes.
Cahuzac appelle à faire barrage au RN
Dans une déclaration à la presse, Jérôme Cahuzac a annoncé son désistement en faveur de Guillaume Lepers, le candidat Les Républicains arrivé deuxième. L’objectif affiché : faire barrage au Rassemblement National et à sa candidate Annick Cousin, largement en tête du premier tour avec 41% des voix.
“Je me désiste en faveur du candidat le mieux placé pour battre le candidat du Rassemblement national. Je me désiste donc pour Guillaume Lepers”, a déclaré Jérôme Cahuzac.
Un choix stratégique mais pas anodin pour celui qui avait fait de ce scrutin son grand retour sur le devant de la scène politique, dix ans après le scandale qui l’avait contraint à démissionner du gouvernement et à renoncer à tous ses mandats.
La gauche en embuscade
Ce rebondissement profite aussi à la gauche, pourtant battue au premier tour. Le candidat du Nouveau Front populaire (NFP), Xavier Czapla, réalise une bonne performance avec 18,36%. Et il pourrait bien jouer les trouble-fête au second tour. D’autant que Jérôme Cahuzac ne s’est pas contenté d’un simple désistement républicain.
“La politique c’est la vie et tant qu’il y a de la vie, il y a de la vie”, a-t-il conclu de manière sibylline.
Une manière de laisser la porte ouverte à un soutien de la gauche au second tour ? L’hypothèse n’est pas à exclure tant le spectre d’une victoire du RN est agité par tous les états-majors politiques. Xavier Czapla a d’ailleurs indiqué qu’il consulterait ses partenaires de l’alliance de gauche avant de décider de se maintenir ou pas.
Quel avenir pour Cahuzac ?
Au delà des stratégies partisanes, c’est aussi l’avenir politique de Jérôme Cahuzac qui est en suspens. À 71 ans, celui qui rêvait d’un grand come-back va-t-il définitivement raccrocher les gants ? Rien n’est moins sûr.
Car même battu, l’ancien ministre a réussi son pari : revenir dans le débat public et se faire entendre, malgré le passif de l’affaire qui l’avait éloigné de la politique. Avec près de 15% des voix, il prouve qu’il conserve une certaine popularité et qu’il peut encore peser dans le jeu politique local.
Reste à savoir quelle sera la suite de son parcours : un nouveau mandat local ? Un rôle de consultant politique ? Ou une retraite définitive loin des projecteurs ? Une chose est sûre : même en se retirant de la course, Jérôme Cahuzac n’a pas fini de faire parler de lui.