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Jean-Vincent Placé Jugé pour Agressions Sexuelles : Un Procès Explosif

L’ancien secrétaire d’État Jean-Vincent Placé va comparaitre pour agressions sexuelles sur deux femmes en Corée du Sud. Il conteste tout, mais le juge retient un « mode opératoire » identique… Que va révéler ce procès rarissime ?

Peut-on encore être surpris par les affaires d’agressions sexuelles impliquant des personnalités politiques françaises ? Pourtant, quand un ancien secrétaire d’État, figure historique de l’écologie, se retrouve renvoyé devant un tribunal correctionnel pour des faits commis à l’étranger, l’affaire prend une dimension particulière. Jean-Vincent Placé, 57 ans, va devoir répondre de gestes qu’il conteste avec véhémence.

Un renvoi en correctionnelle acté le 20 novembre

C’est officiel depuis quelques jours : un juge d’instruction parisien a signé l’ordonnance de renvoi de Jean-Vincent Placé devant le tribunal correctionnel de Paris. La date du procès n’est pas encore fixée, mais le dossier est clos et les parties savent désormais à quoi s’en tenir.

Les faits reprochés se seraient déroulés entre 2016 et 2017, alors que l’intéressé occupait encore des fonctions gouvernementales sous François Hollande. Deux femmes, dans deux contextes différents, l’accusent d’agressions sexuelles commises à l’étranger, plus précisément en Corée du Sud.

Un « mode opératoire » identique relevé par la justice

Ce qui frappe dans cette décision judiciaire, c’est la qualification retenue par le magistrat instructeur : un schéma répétitif. Selon les éléments du dossier, Jean-Vincent Placé aurait agi de la même manière à chaque fois :

  • Dans un taxi
  • En déplacement professionnel à l’étranger
  • En état d’ébriété manifeste

Cette répétition a visiblement convaincu le juge qu’il ne s’agissait pas d’incidents isolés, mais d’un comportement récurrent malgré le statut élevé de l’accusé.

Première plaignante : une ancienne collaboratrice

La première victime présumée se prénomme Audrey (le prénom a été modifié). Elle a travaillé aux côtés de Jean-Vincent Placé, d’abord au Sénat puis au secrétariat d’État à la Réforme de l’État et à la Simplification.

Son témoignage, révélé fin 2021, a déclenché l’enquête. Elle décrit plusieurs épisodes d’agressions sexuelles, le plus marquant ayant eu lieu lors d’une soirée à Séoul en mai 2016. Ce soir-là, elle affirme que son supérieur hiérarchique lui a touché les seins sans son consentement.

Audrey évoque également un harcèlement sexuel continu sur plusieurs mois, profitant de la relation d’autorité. L’inculpation retenue en mars 2022 mentionne précisément agression sexuelle par personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions, une qualification lourde de sens.

Cette décision de renvoi clôture une procédure qui a été longue et éprouvante pour mes clientes.

Maître Tewfik Bouzenoune, avocat des parties civiles

Seconde plaignante : une connaissance sans lien professionnel

La deuxième femme n’avait, elle, aucun lien hiérarchique avec l’ancien secrétaire d’État. Les faits se seraient produits en mars 2017, toujours en Corée du Sud, lors d’une soirée.

Elle accuse Jean-Vincent Placé de lui avoir touché les seins et les cuisses, et d’avoir tenté de glisser sa main entre ses jambes. Des gestes qu’elle dit avoir repoussés avec fermeté.

Point clé : le fait que cette deuxième victime n’ait aucun lien professionnel renforce l’idée d’un comportement qui dépassant le seul cadre du travail.

La défense conteste fermement

De son côté, Jean-Vincent Placé a toujours nié les agressions sexuelles. Concernant la première plaignante, il conteste catégoriquement les faits. Pour la seconde, il affirme ne pas se souvenir de l’incident, invoquant son état d’ébriété.

Son avocate, Maître Jade Dousselin, a déclaré à la presse :

Il a toujours très fermement contesté et conteste toujours les faits qui lui sont reprochés.

Une ligne de défense qui repose donc sur le déni total pour l’une des affaires et sur l’absence de souvenir pour l’autre.

Des antécédents judiciaires déjà lourds

Ce n’est pas la première fois que Jean-Vincent Placé comparait pour des faits liés à l’alcool et au manque de respect des femmes.

Le 1er mars 2021, il a été condamné à une amende pour harcèlement sexuel sur une gendarme en 2016 – des faits qu’il avait reconnus devant le tribunal.

En 2018, il avait déjà écopé d’une peine pour violence, outrage à agent et injure à caractère racial, là encore en état d’ivresse.

  1. 2018 → Condamnation pour violence et injure raciale
  2. 2021 → Amende pour harcèlement sexuel sur une gendarme
  3. 2025 → Futur procès pour agressions sexuelles

Ces condamnations antérieures risquent de peser lourd dans l’appréciation des juges lors du futur procès.

Un procès rarissime dans le paysage #MeToo politique

Depuis le déclenchement du mouvement #MeToo, peu de personnalités politiques françaises de premier plan ont été renvoyées devant un tribunal correctionnel pour des agressions sexuelles.

Certains dossiers ont été classés sans suite, d’autres se sont soldés par des amendes pour harcèlement (comme Damien Abad ou Éric Coquerel, relaxés ou non poursuivis). Le cas Placé présente donc une rareté : un ancien membre du gouvernement jugé pour des faits graves, commis à l’étranger, avec deux plaignantes.

Ce procès pourrait devenir un symbole de la capacité – ou non – de la justice française à traiter équitablement les affaires impliquant des personnalités puissantes.

L’alcool, facteur aggravant ou circonstance atténuante ?

L’état d’ébriété est mentionné dans les trois affaires connues impliquant Jean-Vincent Placé. La question de la responsabilité pénale en cas d’ivresse sera forcément posée.

En droit français, l’ivresse volontaire n’efface pas la responsabilité, elle peut même être considérée comme une circonstance aggravante dans certains cas. Reste à voir comment le tribunal appréciera cet élément récurrent.

Vers un procès très médiatisé

Quand la date sera fixée, ce procès attirera inévitablement les caméras. Il opposera la parole de deux femmes déterminées à celle d’un ancien ministre qui joue sa réputation définitive.

Entre le mouvement #MeToo qui continue de marquer la société française et la chute spectaculaire d’une figure de l’écologie politique, tous les ingrédients sont réunis pour un débat public passionné.

Une chose est sûre : ce dossier n’a pas fini de faire parler.

Affaire à suivre de très près dans les prochains mois.

(Article mis à jour après confirmation officielle du renvoi en correctionnelle – sources judiciaires)

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