Dans le monde du biathlon, peu de noms résonnent autant que celui de Jean-Pierre Amat. Cet homme de 62 ans, champion olympique à la carabine en 1996, est aujourd’hui l’un des piliers de l’équipe de France. Entraîneur de tir des Bleus depuis près de 30 ans, il a vu ce sport évoluer et grandir, tout en restant fidèle à sa passion. À l’occasion des Mondiaux de Lenzerheide, il nous ouvre les portes de son univers.
Des débuts amateurs au sommet olympique
Jean-Pierre Amat n’était pas prédestiné au biathlon. C’est d’abord en tant qu’entraîneur de tir et professeur de sport qu’il découvre cette discipline en 1997. À l’époque, le biathlon français était encore très amateur, loin des standards actuels. Les moyens étaient limités, les infrastructures quasi-inexistantes.
On essayait de trouver un endroit où il n’y avait pas de bouse de vache et on posait les tapis.
Jean-Pierre Amat
Mais la passion et la détermination étaient là. Avec l’arrivée de champions comme Raphaël Poirée, le biathlon français commence à se structurer et à obtenir ses premiers succès internationaux. Jean-Pierre Amat accompagne cette montée en puissance, mettant son expertise du tir au service des athlètes.
Turin 2006 : un tournant pour le biathlon français
Les Jeux Olympiques de Turin en 2006 marquent un tournant. Raphaël Poirée, en quête d’autonomie, souhaite s’entraîner avec un coach de tir dédié. Il fait appel à Jean-Pierre Amat. Ce dernier accepte, conscient de l’enjeu pour l’équipe de France. Les résultats sont au rendez-vous, avec notamment une médaille d’argent pour Poirée sur la poursuite.
De la cuisine aux pas de tir
En 2012, Jean-Pierre Amat troque momentanément sa carabine pour les fourneaux. Lors des Mondiaux de Ruhpolding, il devient commis de cuisine pour assurer des conditions optimales aux athlètes français. Une expérience intense, où il travaille de 4h à 22h pendant 15 jours. « La seule fois de ma vie où j’ai eu l’impression de vraiment bosser », confie-t-il avec humour.
L’expérience chinoise : un défi culturel et sportif
En 2019, un nouveau challenge attend Jean-Pierre Amat : prendre en charge l’équipe chinoise en vue des Jeux de Pékin 2022. Une aventure exigeante, marquée par les contraintes de la pandémie et les différences culturelles. Malgré les difficultés, il reste motivé par l’idée de transmettre son savoir-faire et de tester ses méthodes dans un contexte différent.
C’était tentant pour l’expérience, pour l’exotisme, et pour vérifier si ce que je crois savoir sur le tir était applicable partout sur la planète ou pas.
Jean-Pierre Amat
De retour chez les Bleus : un projet sur trois ans
En 2023, Jean-Pierre Amat retrouve l’équipe de France masculine, en difficulté après le départ de ses entraîneurs. Avec Simon Fourcade, il s’attelle à reconstruire un collectif performant, en travaillant notamment sur la vitesse et la technique de tir. Les progrès sont là, avec l’objectif de briller aux Jeux Olympiques 2026, point d’orgue de ce projet triennal.
Une passion intacte, des défis renouvelés
Après 30 ans de biathlon, la passion de Jean-Pierre Amat reste intacte. Des débuts amateurs aux sommets olympiques, il a vécu toutes les étapes du développement de ce sport en France. Aujourd’hui encore, il se projette vers l’avenir, avec l’envie de transmettre et d’innover. Un état d’esprit qui force le respect et l’admiration.
Son parcours est un témoignage inspirant, qui montre que la réussite se construit dans la durée, à force de travail et d’engagement. Jean-Pierre Amat incarne ces valeurs, celles d’un sport exigeant mais passionnant, où la maîtrise technique se conjugue avec la force mentale. Un exemple pour tous les passionnés de biathlon, et plus largement pour tous ceux qui croient en la beauté de l’effort et du dépassement de soi.
Alors que les Mondiaux de Lenzerheide battent leur plein, nul doute que Jean-Pierre Amat aura encore un rôle clé à jouer dans les performances des biathlètes français. Avec son expérience et son œil aiguisé, il continuera à guider les Bleus vers les sommets, fidèle à cette passion qui l’anime depuis trois décennies. Une belle leçon de vie, sur les pas de tir comme dans l’existence.
