L’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer crée la polémique avec la sortie de son livre retraçant les coulisses de son passage au gouvernement. Dans cet ouvrage intitulé “La Citadelle”, il lève le voile sur les vives tensions au sein de la majorité présidentielle concernant la laïcité et la prise en compte de l’électorat musulman.
Des révélations explosives sur les désaccords au sommet de l’État
Selon des extraits publiés par plusieurs médias, Jean-Michel Blanquer affirme que lorsque son nom était avancé en juillet 2020 pour prendre la tête du ministère de l’Intérieur, le président de l’Assemblée nationale de l’époque, Richard Ferrand, s’y était farouchement opposé. La raison ? Ses positions jugées trop fermes sur la laïcité risquaient d’éloigner l’électorat musulman de la majorité.
L’ancien ministre rapporte les propos tenus par Richard Ferrand lors d’un coup de fil à Emmanuel Macron : “Blanquer à l’Intérieur est insupportable, il craint des divisions dans la majorité et un impact négatif sur l’électorat musulman à cause de son intransigeance sur la laïcité”. Des mots très durs qui témoignent des vifs désaccords au plus haut niveau sur cette question sensible.
Blanquer assume ses positions sur la laïcité
Face à ces critiques, Jean-Michel Blanquer assume pleinement sa ligne sur la laïcité et l’islamisme, estimant rendre “service à la France, à l’Éducation nationale mais aussi au président”. Il déplore l’hostilité de certains au sein de son propre camp politique sur ce sujet.
“À mes yeux, je rendais service à la France et à l’Éducation nationale mais aussi au président et à sa majorité. Ferrand ne voyait pas les choses de cette façon”
– Jean-Michel Blanquer, “La Citadelle”
L’ancien ministre reconnaît avoir été surpris par la “radicale hostilité” de Richard Ferrand, qu’il aurait dû anticiper. Il regrette son optimisme sur la nature humaine qui l’a empêché de voir venir cette opposition au sein de son propre camp.
Un avenir politique compromis ?
Ces révélations risquent de compliquer encore davantage les relations au sein de la majorité présidentielle, déjà fragilisée par de nombreuses dissensions. Elles posent aussi la question de l’avenir politique de Jean-Michel Blanquer, qui semble avoir perdu le soutien d’une partie de son camp sur un sujet aussi crucial que la laïcité. Contactés par notre rédaction, ni l’Élysée, ni Richard Ferrand n’ont souhaité commenter ces déclarations pour le moment. Mais nul doute que ce livre fera encore couler beaucoup d’encre dans les prochains jours et relancera le débat sur la place de l’islam et de la laïcité dans le débat politique français. Un débat qui est loin d’être clos.