L’accalmie n’aura été que de courte durée. Alors que l’union de la gauche semblait enfin sur les rails avec la constitution du Nouveau Front populaire, Jean-Luc Mélenchon vient de jeter un pavé dans la mare. Le leader de La France insoumise a en effet décidé d’exclure la plupart des députés LFI “frondeurs” des investitures pour les prochaines élections législatives, déclenchant l’ire de ses partenaires.
La fronde des députés LFI sanctionnée
Tout commence lorsqu’une quinzaine de députés LFI, en désaccord avec la ligne directrice imposée par Jean-Luc Mélenchon, décident de se rebeller. Parmi leurs griefs, la mainmise jugée excessive du chef sur le mouvement et des divergences idéologiques. La réponse de Jean-Luc Mélenchon ne se fait pas attendre : c’est l’exclusion pure et simple de ces députés dissidents des investitures pour les législatives à venir.
Une décision lourde de conséquences, puisqu’elle prive ainsi ces élus de la possibilité de se représenter sous l’étiquette LFI. Mais surtout, elle est perçue par beaucoup comme une “purge” visant à consolider l’autorité de Jean-Luc Mélenchon sur sa formation politique. Une démonstration de force qui va provoquer un tollé au sein du Nouveau Front populaire.
Les alliés dénoncent une “purge”
Les partenaires de La France insoumise ne tardent pas à réagir. Des élus écologistes et socialistes montent au créneau pour critiquer vertement la décision de Jean-Luc Mélenchon. “C’est d’une violence terrible”, s’insurge un responsable EELV. “On ne peut pas d’un côté appeler à l’union et de l’autre exclure ceux qui ne sont pas d’accord”, renchérit un cadre du PS.
Beaucoup craignent que cet épisode ne vienne abîmer l’image d’unité que tentait de renvoyer le Nouveau Front populaire. Péniblement constituée il y a quelques semaines, cette alliance des gauches apparaît déjà fragilisée par ce coup de force du leader insoumis. D’autant que ce dernier continue de clamer haut et fort qu’il ne s’effacera pas au profit d’une autre figure.
Mélenchon, l’homme providentiel ?
Car Jean-Luc Mélenchon ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. S’il a accepté de ne pas se présenter comme Premier ministre en cas de victoire de la gauche aux législatives, hors de question pour lui de se mettre en retrait. Au contraire, il entend bien peser de tout son poids sur la future majorité, quitte à en prendre les rênes officieusement.
Je ne m’imposerai pas, mais je ne disparaîtrai pas non plus.
Jean-Luc Mélenchon
Un positionnement qui horripile certains alliés, persuadés que l’omniprésence de Jean-Luc Mélenchon risque au contraire de desservir leur cause, notamment auprès d’un électorat modéré qui rejette ses outrances verbales. Mais le leader insoumis reste persuadé d’incarner le mieux l’alternative à Emmanuel Macron et à l’extrême droite. Pas question pour lui de s’effacer.
Quelle suite pour l’union de la gauche ?
Cet épisode vient rappeler à quel point l’union des gauches reste un édifice fragile. Si le péril de l’extrême droite a poussé les différentes formations à s’unir, les divergences idéologiques et les ego surdimensionnés menacent à tout moment de faire voler en éclats le Nouveau Front populaire. Jean-Luc Mélenchon en est l’illustration parfaite.
À trois semaines des élections législatives anticipées, ces dissensions tombent au plus mal. Alors que la gauche semblait en position de force après une campagne dynamique, le risque est grand de voir une partie de son électorat se démobiliser, déçu par ces querelles internes. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour maintenir la cohésion de l’alliance. Un défi de taille, tant la personnalité clivante de Jean-Luc Mélenchon promet encore de faire des vagues.
