Cinq mois après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale au soir des élections européennes, la France semble s’enfoncer dans une crise politique inédite sous la Ve République. De plus en plus de responsables politiques, y compris dans le camp présidentiel, pointent du doigt la responsabilité d’Emmanuel Macron dans cette impasse institutionnelle. Dernière personnalité en date à appeler le chef de l’État à démissionner : Jean-François Copé.
Invité mercredi soir sur le plateau de BFMTV, le maire de Meaux n’a pas mâché ses mots. Selon lui, la dissolution « ne ressemble à rien » et la France en « paye tous les jours le prix ». Face à l’incapacité du gouvernement Barnier de réunir une majorité à l’Assemblée et aux menaces de motion de censure brandies par l’opposition, Jean-François Copé estime qu’Emmanuel Macron « ne s’est pas rendu compte qu’il ne peut pas tenir jusqu’en 2027 ».
« Il n’y a plus qu’une solution »
Pour l’ancien patron de l’UMP, la seule issue désormais est « une nouvelle élection présidentielle » qui doit être « anticipée ». Un constat partagé par 63% des Français selon un récent sondage Elabe. Mais au-delà des enquêtes d’opinion, Jean-François Copé met en garde contre le « désordre » ambiant depuis six mois, pointant notamment du doigt les votes de censure envisagés par le Rassemblement national et La France insoumise.
Si ces deux formations « déstabilisent le pays aujourd’hui », l’ancien ministre du Budget prévient que « les gens vont le mettre à leur débit ». Une pique également adressée à Marine Le Pen dont il dit ne rien comprendre à la stratégie et à qui il reproche de faire tomber en « éclats » son travail de respectabilité en étant « prête à voter avec Mélenchon pour plomber le pays ».
Darmanin appelle à privilégier le budget
Du côté du gouvernement, on tente de calmer le jeu en appelant à la « responsabilité » des oppositions. Selon des sources proches de l’exécutif, Gérald Darmanin multiplierait ainsi les contacts avec les présidents de groupes parlementaires pour les convaincre de voter le budget, quitte à faire des concessions, plutôt que de se lancer dans « une aventure présidentielle immédiate qui plongerait le pays dans un chaos dont il n’a pas besoin ».
Mais à mesure que les appels à la démission d’Emmanuel Macron se multiplient, y compris dans son propre camp comme l’illustre la sortie de Jean-François Copé, l’hypothèse d’un départ anticipé du président prend de l’épaisseur. Reste à savoir si le chef de l’État, réputé pour son entêtement, est prêt à « se rendre compte » comme le dit le maire de Meaux qu’il est devenu le problème principal de l’équation politique française.