En ce vendredi estival, les quais de la station Porte de Saint-Cloud à Paris ont été le théâtre d’une scène peu banale. Parmi la foule de supporters présents après le match de football opposant le Maroc aux États-Unis, un homme équipé d’un gilet sans manches de la RATP et d’un gant rose en forme de main s’activait pour guider les voyageurs. Mais cet agent du réseau de transport n’était pas un employé comme les autres : il s’agissait de Jean Castex, l’actuel PDG de la RATP et ancien Premier ministre !
Un PDG au plus proche du terrain
Depuis sa nomination à la tête de la Régie Autonome des Transports Parisiens en novembre dernier, Jean Castex n’hésite pas à mettre la main à la pâte. Régulièrement aperçu dans les couloirs du métro, il avait déjà fait parler de lui le 27 juillet dernier lorsqu’il était resté bloqué plus d’1h30 avec d’autres voyageurs dans la ligne 13 suite à un accident. Une mésaventure durant laquelle il avait salué “la qualité de l’information” donnée aux usagers.
Cette fois, c’est donc dans la peau d’un agent de terrain que l’ex-locataire de Matignon a fait son apparition surprise. Tout sourire, micro en main, il s’est pleinement investi dans sa mission d’orientation des flux de supporters venus assister à la rencontre sportive.
Je ne peux pas vous répondre, je suis en service!
– La réponse de Jean Castex aux journalistes souhaitant l’interroger
La RATP sous pression avec les JO 2024
Si le réseau francilien se prépare de longue date pour répondre au défi logistique des Jeux Olympiques, la pression est plus que jamais sur les épaules de Jean Castex. Avec 300 000 spectateurs attendus pour la seule cérémonie d’ouverture, la régie va devoir mettre les bouchées doubles. “Ça fait des mois que l’on prépare ce moment”, confiait récemment le PDG.
Des renforts d’effectifs, des travaux de rénovation et des aménagements spécifiques sont prévus pour absorber le flux exceptionnel de voyageurs durant l’événement planétaire. Mais Jean Castex semble déterminé à montrer l’exemple, en n’hésitant pas à retrousser lui-même ses manches sur le terrain quand la situation l’exige. Une attitude volontariste qui tranche avec l’image parfois technocratique des hauts dirigeants.
Une popularité à entretenir
En bon politique rompu aux codes médiatiques, l’ancien Premier ministre a bien conscience que ces opérations sont aussi l’occasion de soigner son image. Après avoir gagné en popularité durant la crise du Covid-19, celui qui fut aussi maire de Prades (Pyrénées-Orientales) de 2008 à 2020 entend capitaliser sur sa réputation d’élu de terrain, proche des réalités quotidiennes des Français.
Et dans le contexte social tendu qui agite la RATP, confrontée à des mouvements de grève récurrents, ces coups de com’ ne sont pas superflus pour asseoir la légitimité du dirigeant. En montrant qu’il n’est pas déconnecté du terrain, Jean Castex envoie un message à ses troupes, mais aussi aux millions d’usagers qui empruntent chaque jour bus, métros et RER.
Reste à savoir si ces opérations ponctuelles suffiront à redorer le blason d’une régie qui peine à résorber ses problèmes endémiques de régularité et de qualité de service. Une chose est sûre : entre maintenant et les JO, Jean Castex va devoir mettre à profit toute son expérience d’élu local et national pour piloter la RATP dans la dernière ligne droite avant le coup d’envoi olympique.