C’est un nouveau coup dur pour l’industrie française. Malgré des bénéfices annuels de près de 2 millions d’euros, la dernière usine de production de Javel Lacroix, située à Rillieux-la-Pape, s’apprête à fermer définitivement ses portes fin septembre. En l’absence de repreneur immédiat, c’est tout un pan de l’histoire industrielle hexagonale qui risque de disparaître, laissant dans l’incertitude des dizaines d’employés.
Le couperet tombe malgré les bénéfices
Depuis l’annonce en janvier dernier par le groupe américain Colgate-Palmolive, propriétaire de la marque Lacroix, de son intention de fermer le site historique, un compte à rebours angoissant s’est enclenché pour les salariés. Car si l’usine affichait encore de beaux bénéfices, son actionnaire a préféré délocaliser la production des célèbres berlingots de javel en Belgique, chez un sous-traitant concurrent.
Une décision difficile à comprendre pour beaucoup, à commencer par le maire de Rillieux-la-Pape, Alexandre Vincendet :
Il y a deux repreneurs potentiels dont un est toujours en course et discute le prix
explique l’élu, qui suit le dossier de près avec les services de l’État.
Mais à quelques semaines de l’échéance fatidique, aucune offre ferme de reprise ne semble se dessiner. Et déjà, plusieurs lignes de production ont cessé leur activité, laissant craindre le pire pour la suite.
L’amertume des salariés
Du côté des employés, beaucoup ont déjà raccroché leur blouse, usés par des mois d’incertitude. Ceux qui restent, pour honorer les dernières commandes ou solder leurs congés, ne cachent pas leur amertume face à cette fermeture qu’ils jugent incompréhensible et injuste.
On n’a plus le levier du piquet devant le portail désormais, ce cap-là est déjà loin. Nous étions une famille.
confie, amer, un représentant syndical.
Un sentiment largement partagé par les salariés de cette usine presque centenaire, où l’ancienneté moyenne était très élevée. Nombre d’entre eux y ont fait toute leur carrière et appréhendent un retour sur le marché de l’emploi à l’heure de la retraite ou de la préretraite.
Quel avenir pour le savoir-faire français ?
Au-delà du choc social, c’est un pan entier du patrimoine industriel français qui pourrait disparaître avec cette fermeture. Car Javel Lacroix, c’est plus d’un siècle de savoir-faire et d’innovation dans la production de produits d’entretien et de désinfection.
Fondée en 1919, l’entreprise avait rapidement acquis une solide réputation, devenant un fleuron national avant d’être absorbée dans les années 1980 par le géant américain Colgate-Palmolive. Aujourd’hui, la production sur sol français s’arrête au profit de la Belgique.
C’est tellement exceptionnel que les usines historiques françaises sont délocalisées maintenant non pas en Chine, non même pas, mais juste en Belgique !
ironise un internaute dans les commentaires.
Un “coup de canif” porté à la souveraineté industrielle française qui fait écho à de nombreuses autres fermetures de sites emblématiques ces dernières années. Reste à savoir si une reprise de dernière minute permettra d’écrire une autre fin à cette histoire…