Le monde de l’édition est secoué par une nouvelle polémique impliquant le célèbre chef britannique Jamie Oliver. Son dernier livre pour enfants, intitulé “Billy et la Grande Évasion”, vient d’être retiré de la vente suite à de vives critiques émanant des communautés aborigènes d’Australie. Ces dernières reprochent à l’ouvrage de véhiculer des stéréotypes irrespectueux et de banaliser un pan douloureux de leur histoire. Face à la controverse, Jamie Oliver a présenté ses excuses et confirmé l’arrêt de la commercialisation du livre dans tous les pays concernés.
Un livre de fiction qui fait polémique
“Billy et la Grande Évasion” raconte l’histoire d’un jeune garçon voyageant à travers le monde. Un passage se déroulant en Australie a particulièrement choqué : le méchant du livre y enlève une petite fille aborigène à sa famille d’accueil. Cette intrigue rappelle tristement le sort des “Générations volées”, ces milliers d’enfants indigènes arrachés à leurs proches jusque dans les années 70 au nom d’une politique gouvernementale d’assimilation.
Les associations représentant les aborigènes et les insulaires du détroit de Torrès ont vivement réagi, qualifiant le livre d'”irrespectueux”. Elles estiment que l’œuvre “efface, banalise et véhicule des stéréotypes sur les peuples et les expériences des Premières Nations”. Un appel au boycott a rapidement été lancé, mettant l’éditeur Penguin Random House sous pression.
Jamie Oliver présente ses excuses
Actuellement en tournée promotionnelle en Australie, le chef aux 11 millions d’abonnés Instagram s’est dit “dévasté” d’avoir offensé les communautés aborigènes. “Cela n’a jamais été mon intention de mal interpréter ce problème profond et douloureux”, a-t-il déclaré en présentant ses “sincères excuses”. Jamie Oliver a confirmé le retrait du livre dans tous les pays où il détient les droits de publication.
“Il est clair que nos standards de publication n’étaient pas à la hauteur.”
Penguin Random House UK
Des critiques sur le choix des termes
Au-delà de l’intrigue, c’est aussi l’utilisation de certains termes se référant aux aborigènes qui pose problème. Selon des sources proches du dossier, plusieurs mots indigènes seraient mal employés tout au long du récit, reflétant un manque de recherches et de sensibilité. L’éditeur a reconnu des lacunes, admettant que ses “standards de publication n’étaient pas à la hauteur”.
Le risque d’une mauvaise influence sur les jeunes lecteurs
Beaucoup s’inquiètent de l’impact qu’un tel livre pourrait avoir sur les jeunes lecteurs. En dépeignant de manière caricaturale les aborigènes et leur histoire, “Billy et la Grande Évasion” risquerait de transmettre une image déformée à des enfants encore en construction. Les livres jeunesse ont un rôle pédagogique à jouer, et une telle représentation pourrait ancrer précocement des préjugés difficiles à déconstruire.
Un nouveau défi pour Jamie Oliver
Depuis ses débuts fracassants en 1999 avec l’émission “The Naked Chef”, Jamie Oliver a bâti un véritable empire culinaire et médiatique. Livres de cuisine, programmes TV, restaurants… Le chef est sur tous les fronts et s’est forgé une solide réputation. Mais cette polémique vient ternir son image et questionne sa capacité à s’aventurer sur d’autres terrains que la gastronomie.
Jamie Oliver va devoir redoubler de vigilance pour ses futurs projets afin d’éviter de nouvelles controverses. Son influence est telle que la moindre fausse note est immédiatement repérée et amplifiée. Cette affaire souligne l’importance pour les personnalités publiques de bien s’entourer et de faire preuve d’empathie lorsqu’elles abordent des sujets sensibles.
Des leçons à tirer pour le monde de l’édition
Au-delà du cas Jamie Oliver, c’est toute l’industrie du livre qui est interpellée. À l’heure où la sensibilité du public est exacerbée, les éditeurs doivent redoubler de vigilance. Mieux vaut prévenir que guérir en instaurant des processus de relecture plus inclusifs, intégrant en amont des relecteurs issus de différentes communautés.
Il ne s’agit pas de céder à une quelconque “dictature des offensés”, mais bien d’éviter des blessures évitables en faisant preuve de davantage de discernement. La créativité et la liberté d’expression ne doivent pas se faire au détriment du respect de l’autre. Un équilibre est à trouver pour que la littérature, jeunesse comprise, s’enrichisse de la diversité du monde sans pour autant la caricaturer.